La Tunisie, quatrième producteur mondial d’huile d’olive, subit une pression grandissante liée à la domination des exportateurs européens sur ce marché stratégique.
Malgré une production abondante et une augmentation notable des volumes exportés, la filière tunisienne peine à tirer pleinement parti de son potentiel, en raison d’une dépendance forte aux circuits européens et d’une valorisation limitée de ses produits.
Une chute des prix accentuée par la hausse des volumes
Au premier trimestre 2025, les exportations tunisiennes d’huile d’olive ont progressé de plus de 46%, atteignant des volumes record. Pourtant, cette croissance s’accompagne d’une forte baisse des prix, avec une diminution moyenne de 54% en mars par rapport à l’année précédente.
Cette situation traduit une pression accrue sur les cours, liée à une offre abondante mais à une demande européenne qui reste dominante et structurée autour d’acteurs puissants capables d’imposer leurs conditions.
Une exportation largement dominée par le vrac
La majeure partie de l’huile d’olive tunisienne est exportée en vrac, sans marque ni conditionnement, ce qui limite considérablement sa valeur commerciale. Cette huile est principalement acheminée vers l’Union européenne, où elle est souvent reconditionnée et commercialisée sous des marques européennes, privant ainsi la Tunisie d’une part importante des bénéfices générés.
Ce modèle place le pays dans une position de fournisseur brut, sans contrôle direct sur la valorisation finale de son produit.
Cependant, l’huile d’olive tunisienne se distingue par une qualité reconnue à l’échelle internationale, répondant à plus de 80% des normes requises pour les huiles vierges et extra vierges, ce qui lui permet de figurer régulièrement parmi les meilleures au monde lors des concours spécialisés. Cette reconnaissance s’appuie sur la richesse des variétés locales d’oliviers qui confèrent à l’huile des arômes fruités caractéristiques et une authenticité appréciée.
Toutefois, comparée aux grands producteurs européens comme l’Espagne et l’Italie, la Tunisie présente une proportion plus faible d’huile extra vierge de haute qualité, estimée entre 25 et 30%, contre environ 75% dans l’Union européenne. Cette différence s’explique en partie par des capacités de trituration et de contrôle qualité moins développées, ainsi qu’une moindre capacité de conditionnement et de valorisation commerciale, qui limitent la visibilité et la reconnaissance de l’huile tunisienne sur les marchés mondiaux.
Une dépendance qui freine la montée en gamme
Plus de 60% des exportations tunisiennes d’huile d’olive sont destinées aux pays de l’Union européenne, renforçant la dépendance du secteur à ces marchés. Cette relation asymétrique limite la capacité de la Tunisie à développer sa propre image de marque et à valoriser ses produits, notamment dans les segments du conditionné et du biologique, qui restent marginaux.
Pour diversifier ses débouchés, la Tunisie cherche à renforcer ses échanges avec des pays voisins comme l’Algérie et la Libye, ainsi qu’avec des marchés émergents en Asie et au Moyen-Orient.
L’huile d’olive tunisienne se trouve ainsi confrontée à une dynamique complexe où la domination des exportateurs européens pèse lourdement sur sa capacité à valoriser pleinement ses richesses. Pour améliorer sa position, la filière devra s’engager dans une stratégie plus ambitieuse de valorisation et de diversification, afin de réduire sa dépendance et de mieux tirer parti de son savoir-faire reconnu à l’échelle mondiale.
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