À l’occasion de la célébration du 1er mai, Journée internationale des travailleurs, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a exprimé un rejet catégorique des amendements proposés par le gouvernement dans le cadre du projet de réforme de certains articles du Code du travail.
Lors d’un discours prononcé ce jeudi au siège de l’organisation à Tunis, Taboubi a dénoncé des révisions « unilatérales et sélectives » engagées sans consultation préalable de toutes les parties sociales. Il a appelé le gouvernement à retirer provisoirement le projet et à ouvrir un dialogue sérieux autour des modifications envisagées, en insistant sur la nécessité d’une réforme globale, équitable et garante des droits des travailleurs.
Un Dialogue Social Contourné, Une Méfiance Renforcée
Le leader syndical a rappelé que la loi n°54 de l’année 2017, portant création du Conseil national du dialogue social, impose la consultation obligatoire des partenaires sociaux sur toutes les questions relatives au monde du travail. Or, selon lui, l’UGTT a été délibérément exclue des discussions, en particulier sur les points relatifs à la sous-traitance et à la contractualisation de l’emploi, tandis que seuls les représentants du patronat ont été sollicités.
« C’est une violation flagrante de la loi et des traditions nationales établies », a fustigé Taboubi, tout en dénonçant un processus biaisé, qui affaiblit les mécanismes de négociation collective et menace la paix sociale.
Une Réforme Jugée Fragmentaire Et Ambiguë
Bien que l’UGTT reconnaisse l’importance de moderniser le Code du travail, Taboubi a critiqué la méthode adoptée par le gouvernement, qualifiant le projet de « partiel et ambigu ». Il estime que les propositions actuelles comportent de nombreuses lacunes juridiques et laissent place à des interprétations susceptibles de générer des abus.
Il a également souligné l’absence de volonté gouvernementale pour une refonte complète de la législation du travail, y compris les lois organiques et les conventions collectives, et a pointé du doigt le retard dans la ratification de certaines conventions internationales garantissant les droits fondamentaux des travailleurs.
Un Avertissement Contre La Répression Syndicale
Taboubi a mis en garde contre les conséquences de toute tentative de réforme imposée sans concertation tripartite. « Toute modification unilatérale qui exclut les syndicats, les employeurs et l’État est une régression grave », a-t-il martelé, y voyant un élément d’une stratégie plus large visant à affaiblir l’action syndicale, à geler le dialogue social et à instrumentaliser la justice pour poursuivre et incarcérer des syndicalistes, voire les priver de leurs moyens de subsistance.
Une Vision Sociale Exigée Pour Accompagner L’Économie
Le secrétaire général de l’UGTT a profité de l’occasion pour appeler à une approche économique intégrée à une vision sociale claire. Il a insisté sur la nécessité de réorienter les aides vers les véritables bénéficiaires, de répondre aux souffrances des retraités percevant des pensions inférieures au SMIG, et de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes diplômés. Il a également plaidé pour la lutte contre la pauvreté, la réduction des inégalités sociales et le soutien aux personnes marginalisées, notamment celles en situation de handicap ou ayant des besoins spécifiques.
(TAP)
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