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Ma vie: Couple Tuniso-palestinien avec 02 enfants de Gafsa

Ma vie: Couple Tuniso-palestinien avec 02 enfants de Gafsa

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Jamel est originaire de la petite ville de Sidi Aïch du gouvernorat de Gafsa. Il a 34 ans.

Sa femme, Houlya a 29 ans. Elle d’origine palestinienne.

Le couple est marié depuis 10 ans. Il a deux garçons de 8 et 2 ans.

Jamel nous parle de sa rencontre avec sa future femme : « J’étais en mission en Turquie. C’était le coup de foudre. Je n’ai pas hésité un instant. J’ai pris les devants e, je me suis armé de courage et j’ai demandé sa main ! On s’est marié quelques semaines après ».

Jamel lance un regard amoureux vers Houlya et nous dit : « Non, je ne suis pas fou. J’ai su dès le premier regard qu’elle sera la femme de ma vie. Je suis allé en Turquie en célibataire et je suis rentré en Tunisie marié. C’était mon destin ».

Le couple habite dans une maison de location dans la banlieue de Gafsa. Le loyer mensuel est de 350 dinars.

Jamel est fonctionnaire dans une entreprise publique de Gafsa. Il touche un salaire mensuel de 1 200 dinars.

Houlya vient d’ouvrir petit traiteur spécialisé dans la cuisine palestinienne et orientale. Son projet lui permet de dégager un bénéfice net de 1 000 dinars par mois.

S’endetter pour consommer

Jamel nous confie : « les 2/3 de nos revenus sont dépensés dans les produits alimentaires et les produits d’entretien. Durant ramadhan ce poste de dépenses peut atteindre rapidement la moitié de ce qu’on gagne. Cette année le budget a explosé. Les prix flambent et ça n’annonce rien de bon ! ».

Houlya intervient et nous dit : « Je profite de mon projet de traiteur pour ramener à la maison les invendus pour les repas ou les dîners. Je fais ainsi d’une pierre deux coups. Ceci évite le gaspillage alimentaire et nous permet d’épargner un peu d’argent ».

Jamel reprend la parole et nous dit : « On fait beaucoup d’efforts pour réduire les extras et les achats impulsifs. Le fonctionnaire tunisien n’y arrive plus. On s’endette pour consommer ».

Jamel nous raconte qu’à l’occasion de la rentrée scolaire, il a du emprunter de l’argent à sa grande sœur.

Il nous dit à ce sujet : « La banque m’a refusé un crédit à la consommation sous prétexte que mon salaire était assez faible. Je n’avais aucune autre solution que de demander de l’argent à ma sœur Hiba.  Elle m’a prêté 500 dinars. J’ai également emprunté à mon meilleur ami, Hazem, la somme de 2 000 dinars. Il me fallait cette somme pour payer la rentrée scolaire des garçons et également les billets de retour, de Ghaza-Tunis via le Caire, de ma femme et des 02 garçons. Ils sont partis durant les vacances estivales chez la belle famille ».

Une adaptation difficile : la Hrissa et les épices

Houlya se confie à nous et dit : « J’ai eu beaucoup de mal à m’intégrer durant les premières années de mariage avec Jamel.  La culture et les coutumes locales sont très différentes des palestiniennes. Et surtout la cuisine ! ».

Houlya lance un rire timide et continue : « La cuisine tunisienne a été un traitement de choc pour moi. C’était trop piquant et à la limite brulant. J’avais l’impression d’être une extra-terrestre. J’étais la seule à trouver ça piquant et trop épicé. Pourtant dans la cuisine palestinienne on utilise beaucoup d’épices ! ».

Houlya continue avec humour : « Je ne pouvais pas échapper à la Hrissa et au Felfel Harفلفل حار . Durant mon premier mois de mariage on a dû nous déplacer aux gouvernorats voisins pour trouver de quoi manger palestinien ou au moins oriental ».

Le projet de Houlya

Houlya nous dit avoir eu des difficultés avec son projet à ses débuts. Elle nous raconte à ce sujet : « La cuisine palestinienne et orientale n’était pas assez prisée. J’ai découvert en fait qu’elle était méconnue tout simplement. J’ai organisé des dégustations et les clients en ont vite redemandés. La cuisine permet de voyager à moindre coup. Le meilleur voyage est un voyage culinaire ! ».

Houlya lance en plaisantant : « Hamden Lellah –   حمدا الله le projet a décollé sinon on aurait souffert d’obésité avec tous les invendus qu’on devait manger au début du projet ».

Houlya continue à parler avec passion de son projet : « J’ai voulu vite agrandir le projet et diversifier les produits. J’ai même pensé à offrir le service de traiteur pour les fêtes, réceptions et autres occasions mais c’était risqué. Le tunisien aime manger tunisien. Même si, par curiosité, il découvre une nouvelle cuisine, il revient à la tunisienne, au couscous, au keftaji, au plat tunisien, au lablabi,…».

Houlya veut partir au Canada, Jamel refuse l’idée

Houlya prend un air plus sérieux et dit : « Malheureusement, mon projet ne pourra pas évoluer et générer plus d’argent. J’ai proposé à Jamel de partir vivre au Canada puisque j’ai un diplôme de kinésithérapeute assez demandé là-bas contrairement à ici. Avec mon diplôme et malgré toutes mes demandes je n’ai pas pu décrocher un emploi ni dans le public, ni dans le privé ».

Jamel intervient et nous fait savoir qu’il n’est pas très enthousiaste à l’idée de quitter le pays pour le Canada.  Il dit à ce sujet : « Je ne suis pas chaud pour aller au Canada surtout que j’ai 4 hectares d’oliviers biologiques. Ce mini terrain peut me générer des revenus respectables d’ici quelques années. Il faut être patient ».

Le budget familial

  • Revenu mensuel du couple : 2 200 dinars.
  • Frais de scolarité des deux gosses : 200 dinars par mois sans compter la rentrée scolaire.
  • Dépenses alimentaires et produits d’entretien : 700 dinars par mois en moyenne hors ramadhan.
  • Facture de la STEG : 70 dinars.
  • Facture de la SONEDE : 40 dinars.
  • Internet : Gratuit grâce à un avantage offert par l’amicale de l’entreprise de Jamel.
  • Argent de poche de Jamel : 150 dinars.
  • Argent de poche de Holya : 90 dinars.

Le couple déclare dépenser 300 dinars en gâteaux et habits neufs pour les garçons à l’occasion de l’Aïd.

La famille consacre 400 dinars pour l’achat du mouton de l’Aïd.

La famille ne prévoit pas un budget spécifique pour les vacances. Houlya rend une fois par an visite à sa famille.

Jamel a un compte bancaire alors que Houlya a un compte postal.

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