Economie

Malgré son importance dans la réduction de la dépendance alimentaire, l’agriculture à court de financement

Malgré son importance dans la réduction de la dépendance alimentaire, l’agriculture à court de financement

Les agriculteurs tunisiens sont confrontés au manque de financement, ce qui entrave leurs efforts pour augmenter la production, tandis que les crises internationales confirment que le secteur agricole sera crucial dans la sécurité alimentaire pour les pays à faible revenu du fait qu’il pourrait leur faire éviter les fluctuations du marché alimentaire mondial et l’interruption des chaînes de production résultant des guerres et des épidémies.

Récemment, Mohamed Rjaibia, membre de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), a déclaré que le manque de financement du secteur agricole empêche les tentatives de développement du secteur et d’augmentation de la production compte tenu des coûts élevés des engrais, des intrants et de l’énergie, notant que 500 000 agriculteurs assurent l’alimentation du pays, dont 85% d’entre eux sont de petits agriculteurs, considérant que leur incapacité à accéder aux sources de financement freine le développement du secteur en l’absence d’une stratégie gouvernementale de financement de l’agriculture.

Rjaibia a ajouté que 50 000 agriculteurs sont privés des prêts bancaires, en raison de leur incapacité à rembourser des prêts que les banques refusent de rééchelonner malgré la restructuration de 3 banques publiques en 2015 et l’injection d’environ 700 millions de dinars dans leurs caisses. Il a ajouté aussi : « Les agriculteurs en Tunisie produisent de la nourriture et ne produisent pas de richesses en raison de leurs faibles capacités financières, ce qui explique les taux de pauvreté élevés parmi la population rurale, qui représente un tiers de la population ».

Et pour cause, le manque de financements freine le développement de l’agriculture, qui est la source la plus importante de revenus pour la population rurale en l’absence d’activités non agricoles dans les zones rurales, tandis que la difficulté d’accéder aux services financiers pousse la population à quitter l’activité ou recourir à la microfinance qui accorde des prêts à des taux d’intérêt très élevés.

Malgré les difficultés, le secteur agricole a résisté aux crises économiques et sociales que le pays a connues depuis 2011, ainsi qu’aux dernières années marqué par les répercussions ravageuses de la pandémie, le secteur est resté presque le seul secteur, qui a continué à être actif et à réaliser des chiffres positifs avec un taux de croissance de plus de 3%.

Les données officielles indiquent que plus de 50% des investissements agricoles sont réalisés avec des financements privés, ce qui fait de la rareté des financements l’un des obstacles les plus importants dans le secteur, d’autant plus que l’augmentation de la production nécessite de multiples lignes de financement.

Les données de l’Agence de promotion des investissements agricoles ont révélé que les investissements agricoles ont diminué d’environ 20% au cours du premier trimestre de cette année par rapport à la même période de l’année dernière. Jusqu’à fin mars dernier, 1658 investissements d’une valeur de 312,7 millions de dinars ont été déclarées, contre à 2.134 d’une valeur de 407,7 millions de dinars au cours de la même période, enregistrant ainsi une baisse de 22,3% en nombre et de 23,3% en valeur.

Il est à noter que l’agriculture occupe une position capitale dans l’économie tunisienne, avec une contribution de 9% au produit intérieur brut tout en représentant entre 9 et 10% des exportations annuelles totales, sachant qu’elle attire 8% du total des investissements et emploie 15% de la main-d’œuvre au pays. Les estimations de l’UTAP indiquent que le nombre de ménages travaillant dans le secteur est d’environ 580 000, avec un nombre total d’individus d’environ 3 millions de personnes.

L’échec des politiques gouvernementales vis-à-vis de l’agriculture s’est accentué avec la pandémie puis la guerre en Ukraine, alors que le secteur souffre déjà de la sécheresse. Le gouvernement de Najla Bouden a élaboré un plan qui se poursuivra jusqu’à la fin de cette année pour sécuriser les stocks de blé afin de relever le défi de la sécurité alimentaire.

Selon des sources bien informées, un document officiel a montré que les achats de céréales de la Tunisie pour le reste de cette année s’élèveront à 1,185 million de tonnes, portant ses besoins totaux d’importations de céréales en 2022 à 2,68 millions de tonnes. Les achats comprennent 600 000 tonnes de blé tendre, 100 000 tonnes de blé dur et 485 000 tonnes d’orge. La Tunisie, qui souffre d’une crise financière majeure, a été durement touchée par la hausse des prix mondiaux du blé suite à la guerre en Ukraine.

Le ministre de l’Economie, Samir Saied, a récemment déclaré que l’impact de la hausse des prix des céréales et du pétrole sur le budget tunisien serait d’un peu moins de 1,7 milliard de dollars cette année. La valeur des importations céréalières de la Tunisie en 2022 est estimée à environ un milliard de dollars.

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