Dans une initiative humanitaire sans précédent, une coalition de syndicats et d’organisations de défense des droits humains issus de 32 pays à travers le monde a annoncé le lancement de l’initiative « Marche mondiale vers Gaza ». Celle-ci vise à pénétrer dans la bande de Gaza à pied, via le poste-frontière de Rafah, en solidarité avec une population soumise depuis plus de vingt mois à un blocus israélien particulièrement sévère.
Une marche humanitaire pour briser le siège
L’initiative, portée par la Coalition internationale contre l’occupation israélienne sous la présidence de Seif Abou Kachk, est une réponse directe à l’aggravation de la catastrophe humanitaire à Gaza, marquée par des cas de famine et une privation quasi totale de nourriture, de médicaments et d’eau. Dans une déclaration exclusive à Al Jazeera, Abou Kachk a précisé que les objectifs de cette marche sont d’arrêter le génocide contre les Palestiniens et d’assurer l’acheminement immédiat et inconditionnel de l’aide humanitaire.
Une mobilisation internationale d’envergure
Ce qui distingue cette marche, selon les organisateurs, c’est l’ampleur de la participation : plus de 10 000 personnes venues d’horizons divers, en majorité des citoyens de pays occidentaux, mais aussi des militants et des sympathisants issus des diasporas arabes et musulmanes. Les participants ont été répartis en groupes géographiques pour faciliter la coordination logistique et médiatique, avec une communication multilingue à l’échelle internationale.
Parmi les figures de proue de cette mobilisation figurent :
- L’avocate allemande Melanie Schweitzer
- L’activiste irlandaise Karen Moynihan
- Eduardo Camacho, représentant du syndicat catalan alternatif (IAC)
Cinq objectifs-clés de la marche
Les organisateurs ont défini cinq objectifs principaux pour cette initiative :
- Arrêter le génocide : faire pression pour mettre fin aux crimes commis par l’occupation israélienne, en particulier l’utilisation de la faim comme arme contre les civils.
- Acheminer l’aide immédiatement : exiger l’ouverture urgente du poste-frontière de Rafah pour laisser entrer des milliers de camions chargés de vivres et de médicaments.
- Briser définitivement le blocus : lever les restrictions israéliennes imposées à Gaza et instaurer un couloir humanitaire permanent.
- Mobiliser la communauté internationale : dénoncer le silence des gouvernements et encourager les peuples à faire pression sur leurs dirigeants pour soutenir les droits palestiniens.
- Poursuivre les criminels de guerre : activer les mécanismes du droit international pour juger les responsables des crimes commis contre les Palestiniens.
L’itinéraire de la marche vers Gaza
Les participants se dirigeront d’abord vers la capitale égyptienne, Le Caire, à partir du 12 juin, avant de continuer par voie terrestre jusqu’à la ville d’Al-Arich, puis entameront à pied la dernière étape vers le poste-frontière de Rafah. Abou Kachk a précisé que la coalition est en contact constant avec les autorités égyptiennes et les ambassades des pays participants afin d’assurer une coordination complète, soulignant que cette démarche se veut totalement transparente et pacifique.
Une pression populaire au point de passage
L’un des moments forts de la marche sera un sit-in ouvert devant le poste de Rafah, où les participants comptent établir un campement permanent pour exiger l’ouverture du point de passage et l’entrée de milliers de camions bloqués depuis des mois. On estime qu’au moins 3 000 camions chargés d’aide humanitaire attendent l’autorisation d’entrer, dans ce que les organisateurs qualifient de « famine forcée » imposée à plus de deux millions de Palestiniens.
Un message de solidarité de la société civile mondiale
La marche vise également à porter les voix de la société civile mondiale, avec la participation de syndicats, de secteurs médicaux et humanitaires, et de personnalités indépendantes, affirmant l’unité des peuples face à l’injustice et en défense des valeurs humaines. L’avocate Melanie Schweitzer a insisté sur le fait que la marche ne reçoit aucun financement gouvernemental et que tous les participants prennent en charge leurs frais de voyage, en signe de solidarité libre et sincère.
Des divergences sur les mécanismes d’acheminement de l’aide
Cette mobilisation intervient quelques jours après l’annonce par Israël d’un nouveau plan de distribution de l’aide via une entreprise privée, un projet rejeté par l’ONU et par des instances palestiniennes, qui y voient un moyen d’imposer des conditions politiques supplémentaires et de favoriser de nouveaux déplacements forcés, plutôt qu’une véritable solution humanitaire.
La « Marche mondiale vers Gaza » n’est pas un simple acte de protestation, mais un cri de conscience globale, un message des peuples du monde affirmant que le silence des gouvernements ne restera pas sans réponse. C’est une tentative de raviver l’espoir au milieu des ruines, de briser les murs par la voix et la marche, là où les mots seuls ne suffisent plus.
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