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Maroc : Grève générale ce 20 juin, pour les mêmes raisons qu’en Tunisie

Maroc : Grève générale ce 20 juin, pour les mêmes raisons qu’en Tunisie

Le Maroc pourrait bien être complètement paralysé ce lundi 20 par la grève décrétée par trois centrales syndicales : l’ODT (Organisation Démocratique du Travail), la CGT (Confédération Générale du Travail) et la FSD (Fédération des Syndicats Démocratiques). Ces syndicats marocains exigent la hausse des salaires et des pensions de retraite, les mêmes motifs que ceux de la grève générale du 16 juin en Tunisie (enfin officiellement car il y a bien d’autres soubassements politiques). Si l’appel des syndicats marocains n’est pas entendu, la fonction publique, les établissements publics, les collectivités territoriales, les transports et la logistique risquent d’être lourdement impactés par ce mouvement social…

Les mêmes causes – la guerre en Ukraine essentiellement – produisent les mêmes effets – l’inflation – un peu partout dans le monde. Les trois centrales syndicales ont organisé une conférence de presse hier jeudi 16 juin à Rabat. Le secrétaire général de l’ODT, Adil Lotfi, y a dit ceci : «les trois syndicats tirent la sonnette d’alarme sur la situation dégradante vécue par la classe ouvrière et la majorité du peuple marocain», rapporte Tel Quel. Il a ajouté que cette grève générale est un “avertissement» pour obliger les autorités à réagir face à la hausse des prix des matières premières, du carburant et de certaines denrées de première nécessité…

Les grévistes exigent du gouvernement qu’il soulage les salariés “en approuvant une augmentation réelle des salaires et des pensions de retraite, en tenant en considération les taux d’inflation et en veillant à ce que tous les citoyens puissent bénéficier de la richesse nationale en instaurant une justice sociale», a indiqué le secrétaire général de l’ODT. Mais il insiste sur le fait qu’il faille garantir un service minimum dans les secteurs sensibles.

Adil Lotfi a tiré sur l’accord social signé récemment par le gouvernement et les cinq syndicats les plus puissants. Il est d’avis que ce document «a confié les rênes au patronat pour fixer les modalités de la prochaine étape en vue de dominer définitivement les champs politiques, syndicaux et médiatiques, d’une manière qui lui garantisse continuité et enrichissement, en dehors de l’équation ‘win-win’ dont nous sommes toujours les défenseurs».

Quant à la date choisie pour cet immense débrayage, c’est le 41e anniversaire des troubles du 20 juin 1981. «Il faut reconnaître en toute responsabilité que ce moment est semblable à celui de juin 1981, et que tous les indicateurs prévoient une explosion face à une stabilité fragile et à un avenir incertain», a commenté le secrétaire général de l’ODT.

Le leader de la CGT, Abdelali Gmira, en a lui profité pour pointer l’impact de la Caisse de compensation en reprenant les déclarations de l’ancien chef de gouvernement Abdelilah Benkirane à ce sujet. «Benkirane a tenu des propos graves lorsqu’il a déclaré qu’avant la libéralisation des prix des hydrocarbures en décembre 2015, les entreprises apportaient des factures à la Caisse et recevaient des milliards de redevance sans supervision ni contrôle», a dit Gmira. A l’époque «le secteur des hydrocarbures récupérait l’essentiel des dépenses de la Caisse de compensation qui s’élevaient à 50 milliards de dirhams, contre 15 milliards de dirhams en 2022», a-t-il ajouté…

Il n’a pas hésité à qualifier la Caisse de compensation  de «boîte noire», remettant sur la table le rapport demandé à l’époque par le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance dans l’équipe de Benkirane, Lahcen Daoudi. Le leader syndical s’en est pris au laisser-aller qui règne dans les profits faits sur certains produits, «contrairement à ce qui a été appliqué dans de nombreux pays qui croient en la justice sociale».

Gmira redoute par-dessus tout une montée intempestive des prix des carburants, toutes les deux semaines. «Une hausse qui impactera d’autres produits, sans que le gouvernement ne table sur une réduction de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, de la taxe à la consommation, de la TVA, ou des droits d’importation», alerte le syndicaliste.

Mustapha Mrizak, secrétaire général de la FSD, a jeté son dévolu sur l’accord social paraphé le 30 avril dernier entre le gouvernement et les principaux syndicats. «Ce n’est qu’un acte de report des manifestations jusqu’en 2025 et 2026», selon Mrizak, qui déplore «la signature de cet accord par l’une des centrales qui font partie de notre histoire» ; il ne l’a pas dit nommément mais tout le monde a compris qu’il fait allusion à l’UMT, le syndicat le plus ancien du Maroc. «Ni le pouvoir d’achat, ni le régime salarial dans les secteurs public et privé, ni les pensions de retraites n’ont connu de changement réel pour faire face à une augmentation des prix de cette ampleur», a ajouté le leader de la FSD.

A noter que pour le moment les autres centrales syndicales ne s’associent pas à l’ODT, la CGT et la FSD pour la grève générale du lundi 20 juin 2022…

 

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