Economie

Miracle statistique : le PIB de la Tunisie s’accroit de 12% en une année !

Miracle statistique : le PIB de la Tunisie s’accroit de 12% en une année !

Selon une note récente de l’Institut National de la Statique (INS), au total, et en première estimation, l’économie nationale a enregistré une croissance de 3,1% sur l’ensemble de l’année écoulée. Cette évaluation intègre les derniers résultats des comptes nationaux annuels et qui comportent les révisions habituelles de la croissance des trois dernières années : comptes définitifs de l’année 2018 (2,6% contre 2,5% précédemment) ; comptes semi-définitifs de 2019 (1,3% contre 1,4%) ; comptes provisoires pour 2020 (-8,7% contre -9,2%).

Ces résultats montrent, d’après l’INS, que la chute du PIB en 2020 n’a été que partiellement absorbée, puisque le niveau du PIB réel au quatrième trimestre 2021 est encore 4,6 points de pourcentage plus bas que celui du dernier trimestre 2019. Ainsi, la dynamique de rattrapage et la récupération de l’activité dans certains secteurs s’avère donc relativement lente et pourrait s’étaler dans le temps.

Les chiffres de l’institut révèlent que la croissance additionnelle du PIB réalisée en 2021 était effectivement de 11,8% en correspondant à la différence entre les deux taux de croissance de 2020 et 2021 soit (3,1%-(-8,7%)).

Ce taux vient dans un contexte marqué par la montée spectaculaire du chômage durant 2021 à 18,4% et la couverture du coût de plus en plus élevé de l’endettement estimé à 11,3% du PIB outre la baisse de l’investissement qui a atteint 25,8% pour le secteur industriel et le creusement du déficit commercial à 16,2 milliards de dinars. 

Ceci montre clairement que les chiffres déclarés par l’INS sont assez biaisés, à tel point que leur prise en considération dans toute analyse économétrique remet en cause les théories économiques modernes en matière d’explication de la dynamique des leviers de la croissance qui sont : l’investissement, le niveau de développement du solde du secteur extérieur et l’évolution de la consommation dans une situation d’équilibre de plein emploi qu’il soit stable ou instable.

En revanche, l’INS n’a pas oublié de rappeler dans sa note statistique sur la croissance qu’un long mouvement de protestation sociale inédit au sein de l’institut a été à l’origine de fortes perturbations sur le rythme de la collecte de données primaires, ce qui impacté négativement les traitements statistiques et avait conduit à l’interruption de publication des indicateurs conjoncturels.

Les résultats des comptes trimestriels relatifs au dernier quart de l’année 2021 ont donc subi, selon la note de l’INS, un retard d’un mois par rapport au calendrier habituel et leur compilation a nécessité le recours à des techniques d’estimation statistique de certains indicateurs infra-annuels non encore disponibles et qui sont au cœur de la procédure de compilation des comptes trimestriels.

L’institut a souligné, également, que pour la mesure de la valeur ajoutée de certains secteurs manufacturiers, il a été remédié à l’absence des indices de la production industrielle pour les mois de novembre et décembre par une estimation économétrique de cet indicateur sur l’ensemble du quatrième trimestre au moyen des soldes d’opinions trimestriels issus de l’enquête de conjoncture dans l’industrie. Ces résultats sont donc susceptibles de faire l’objet de révisions lors des prochaines publications.

Espérons que les grèves des fonctionnaires de l’institut et son recours à des techniques économétriques « non conventionnels » pour estimer la croissance, n’ont pas eu d’effet sur la fiabilité du travail de l’institution combien même importante pour les utilisateurs de l’information statistique, de tout bord, et surtout pour les décideurs du pays et les bailleurs de fonds notamment internationaux.  

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