Société

Par A. Gatri : Je t’aime, Ons

Par A. Gatri : Je t’aime, Ons

Je t’aime, et comment ne pas t’aimer, toi que la planète entière aime et admire, sauf les dieux du tennis ? Jusqu’ici du moins.

Cet après-midi, comme tous les tunisiens, comme tous tes supporters, et comme toi sûrement, j’ai vécu toutes les sensations les plus fortes, l’espoir, la détermination, la confiance après les trois premiers jeux, puis le doute, puis la déception de la perte du set, la renaissance de l’espoir au début du deuxième set. J’ai supplié dieu, ses prophètes et tous les saints de Tunisie et de Navarre pour qu’ils t’insufflent la confiance nécessaire pour aller au bout de tes espérances et des notres. Puis, ce fut la désillusion et l’effondrement à l’issue du match. Et comme toi, j’ai pleuré, comme l’enfant malheureux que tu étais, et que j’étais. Je me suis identifié à toi et j’ai pleuré tout mon corps avec toi.

Et comme toi, j’ai crié EZZA7, de frustration et de dépit. Je m’étais dit que tu avais déjà perdu deux finales du grand chelem, et qu’à la troisième, tous les diables s’en iront comme on dit chez nous. Les dieux du tennis en avaient décidé autrement, préférant le jamais deux sans trois. Et j’avais détesté ton adversaire, jusqu’à ce que tu l’aies félicitée.

Puis j’ai vu l’assistance royale te présenter tous les égards, et j’ai entendu le public t’applaudir, t’acclamer, plus que la vainqueuse même, avec une énorme standing ovation. Et je me suis redit un autre EZZA7, de fierté et d’émotion. Au diable le titre. Mieux que le titre, tu avais gagné le cœur des gens, et cela est sans prix. Merci donc pour toutes ces fortes sensations et pour l’aura que tu as apportée à une Tunisie meurtrie, et à son peuple martyrisé.

Je ne m’y connais pas en tennis, je ne suis qu’un spectateur quelque peu averti et un supporter inconditionnel de toi. Donc, je m’abstiendrai de tout reproche sur ta prestation et t’épargnerai les conseils que se permettent les pantouflards experts en tous genres et les entraineurs du dimanche.

Mais mon amour pour toi, mon expérience de la vie et mes quelques compétences en matière de ressources humaines me permettent de te demander une faveur : reste avec toi-même une ou deux journées, sans mari, sans entraineur, sans personne. Et pose-toi la question sur ce qui n’a pas marché. Les données sont claires : tu es tête de série numéro six, elle n’est même pas tête de série, tu joues plusieurs fois mieux qu’elle, tu lui es supérieure techniquement, tu es en forme, tu n’es pas blessée, tu as l’expérience pour toi, et pourtant, c’est elle qui rafle la mise. QU’EST-CE QUI N’A PAS MARCHE EZZA7 ?

C’est en répondant, toute seule, clairement, en toute franchise, sans sévérité, mais sans complaisance, à cette question que tu trouveras la clé de ton salut.

Pour ma part, je te dis ceci : arrête de faire des déclarations ou des tweets si ce n’est pas nécessaire, ne vas pas aux invitations des politiciens avides de récupérer ton capital sympathie, ne te rends pas aux manifestations publiques en tout genre qui disperseront ta concentration.  Et surtout, décide de ne jouer dorénavant que pour toi. Ni pour ta famille, ni pour ton mari ou ton entraineur, ni pour tes compatriotes, ni pour les femmes, ni pour les arabes ou les africains. Entre dans ta propre bulle, fais abstraction du monde entier, remballe ta déception, tes doutes et ta haine, et transforme les en armes de destruction massive, range la gentille Ons dans un placard, et l’espace d’un match, deviens une vraie tueuse, sans pitié pour tes adversaires. Joue chaque point à fonds, et quand il est joué, n’y pense plus, passe au prochain, sans triomphe ni regrets. Et surtout, ne ressors qu’une fois le travail fini.

Abdelaziz GATRI

activiste politique, Alliance Patriotique pour l’Ordre et la Souveraineté

 

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