Economie

Par Amine Ben Gamra : PLF 2024 : Dilemme de financement du budget 2024 et les alternatives au FMI

Par Amine Ben Gamra : PLF 2024 : Dilemme de financement du budget 2024 et les alternatives au FMI

La Tunisie envisage en 2024 de lever un prêt syndiqué en devises, avec des prévisions de levée de financement intérieur d’une valeur de 3,5 milliards de dinars (MMDT). Cette opération n’est qu’un emprunt destiné à rembourser une ancienne dette sous la forme d’un prêt syndiqué.

Les banques locales sont encore une fois venues à la rescousse du budget de l’État. Il s’agit de la forme de financement la plus appropriée de point de vue conditions et coût
d’où le rôle primordial joué par le secteur financier et bancaire, dans le soutien des efforts déployés par l’État en vue de préserver les équilibres financiers et soutenir l’activité économique.

En effet, face au blocage des mécanismes de financement extérieurs et à la dégradation de sa note souveraine, notre cher pays va continuer à financer son budget de l’Etat en 2024 en pompant les liquidités des banques et en asséchant ainsi les sources d’investissement pour son économie en panne.

Il faut savoir que l’investissement est le levier qui peut aider à faire bouger l’économie. Mais comment faire quand cela est passé d’une moyenne de 25 % du PIB entre 2000 et 2011 à 15 % aujourd’hui suite au manque des financements extérieurs.

Il est clair qu’il s’agit là de solutions extrêmes pour faire face à la crise aiguë des finances publiques tout en continuant à refuser d’entreprendre les réformes qui sont aussi indispensables qu’inévitables et qui ont beaucoup trop tardé.

Les autorités tunisiennes et le Fonds monétaire international (FMI) doivent trouver un terrain d’entente pour le déblocage  un prêt d’environ 1,9 milliard de dollars. Je tiens à souligner qui il faut trouver une solution de compromis entre ce que notre cher pays considère comme des difficultés et le domaine qui doit être réformé selon le FMI. Ce nouveau prêt pourrait aider à dresser momentanément la pression sur les finances publiques, il permet surtout de défendre efficacement la valeur du dinar, sous pression, en raison des importations massives de denrées alimentaires, d’énergie et du déficit commercial structurel. Mais il ne constituera pas pour autant une solution miracle pour la sortie de la crise et la relance économique.

La détérioration de l’environnement mondial et les prix internationaux élevés des matières premières pèsent lourdement sur l’économie tunisienne, ajoutant aux faiblesses structurelles sous-jacentes dans un contexte socio-économique difficile. La croissance ralentira probablement à court terme, tandis que la hausse des cours internationaux des matières premières exercera des pressions sur l’inflation ainsi que sur les soldes extérieurs et budgétaires de la Tunisie.

A défaut d’accord, il faut accélérer la transition énergétique pour faire face aux poussées inflationnistes mondiale : Il est grand temps que notre cher pays met en œuvre des mesures pour réduire l’intensité carbone de son économie et établir des objectifs d’énergies renouvelables s’il veut réévaluer sa stratégie énergétique et accorder en particulier une plus grande place aux filières renouvelables, laquelle soustrairait sa dépendance par rapport aux carburants importés.

Aussi il faut :

  • Encourager le développement de l’agriculture, parent pauvre de l’économie depuis un demi-siècle surtout les destiné à l’export
  • Maîtriser le secteur informel et nettoyer l’énorme quantité d’argent informel qui se lave autour de la Tunisie pour relancer l’économie et affaiblir les réseaux criminels qui ont prospéré après l’effondrement de l’autorité de l’État .
  • Réformer la manière bureaucratique dont le pays est gouverné et se débarrasser des innombrables autorisations et règles qui accordent beaucoup trop de pouvoir aux bureaucrates
  • Encourager les jeunes à créer de petites entreprises mais en même temps soutenir les grandes entreprises qui exportent des biens à réelle valeur ajoutée ;
  • Réformer le code de change afin de renforcer l’efficacité du système de change, d’en simplifier les procédures, et d’améliorer le climat d’affaires et d’investissement en Tunisie

 

Nous n’avons plus de temps à perdre. Car, au sortir d’une décennie de très faible croissance, qui l’a déstabilisé sur les plans économiques et social, la Tunisie est tenue de se mettre rapidement en ordre de marche.

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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