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Par Imed Derouiche : Lettre ouverte à Mr Ferid Belhaj

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Les conséquences de la mauvaise gouvernance depuis une dizaine d’années, de l’incompétence, de l’absence de vision stratégique et de l’amateurisme politique sont désastreuses et désormais irréversibles. Notre économie est comateuse et le peuple tunisien est sous respiration artificielle car la crise économique s’est conjuguée avec une autre, sanitaire sans précèdent qui a conduit à l’augmentation du nombres de chômeurs et à une paupérisation rampante, atteignant les 2 millions de tunisiens.

Désormais, le temps ou les tunisiens s’enorgueillirent de disposer d’une large classe moyenne est révolu et force est d’admettre que la pauvreté et la misère guettent et menacent de plus en plus de tunisiens, malgré les politiques et les mécanismes de subventions censées apaiser la précarité.

Des subventions palliatives qui ne font que calmer la misère sans l’éradiquer ou l’enlever à la racine, car nos politiques sont dépourvus de visions pour proposer ,comme je l’ai fait, une redistribution des subventions à travers l’identifiant Unique qui est la facture de la STEG.

Merci Si Ferid Belhaj d’être revenu dans ta Tunisie natale, pour rappeler aux imposteurs, aux apprentis politiciens, aux mégalomanes, aux aboyeurs, aux inféodés, aux puissances obscures et aux traitres de la Nation, que la précarité se généralise et que la Tunisie compte 2 Millions de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté. Désormais, la Chakchouka et la Ojja, plats typiques et répandus pour leur accessibilité sont devenus un luxe pour des millions de tunisiens qui devront se contenter d’une assiette d’harissa et d’une brik à l’œuf pour Ramadan.

Merci Si Férid pour votre patriotisme en accordant, grâce à votre poste de Vice-Président de la Banque Mondiale, une subvention de 300 Millions destinés à soutenir ces pauvres tunisiens qui souffrent de l’apathie de la classe politique et de la misère qui s’installe durablement.

Merci pour votre réalisme en rappelant aux apprentis tunisiens que notre situation est catastrophique et que nous ne sommes pas loin des scénarios argentin et grecque qui ont déclaré faillite et dont les économies sont sous tutelle étrangère.

Merci pour votre courage en pointant du doigt l’économie parallèle qui représente 40% contre 12,5 % en 2011 avec les conséquences que nous connaissons comme l’affaiblissement de l’Etat, l’hégémonie des cartels et le boom du blanchiment d’argent.

Merci pour votre humilité et j’en appelle à votre patriotisme et à votre expertise après ces 30 longues années à l’étranger entre les plus prestigieuses banques mondiales pour valoriser la méritocratie tunisienne et surtout dénoncer les critères d’allégeance dans les nominations au sein des Ministères névralgiques  comme l’Energie, l’Agriculture ou l’Industrie. Des nominations dépourvues de compétences qui ont plombé les administrations et les ont plongées dans l’inertie et l’approximation.

J’en appelle à votre connaissance de l’économie pour rappeler à nos apprentis politiciens que notre production pétrolière a chuté de 50% en 10 ans et que toutes les compagnies pétrolières qui investissent dans l’exploration et la recherche s’apprêtent à quitter la Tunisie au grand bonheur des «apprentis révolutionnaires » et pseudo-souverainistes. Ainsi, ils auront le loisir d’avoir des champs et des ressources mais ni moyens financiers ni humains pour les exploiter et comme je l’ai dit une fois dans un article, les tunisiens aiment partager la misère plutôt que la richesse.

J’implore aussi votre connaissance des milieux financiers, pour mobiliser le Gouverneur de notre Banque Centrale Marwen Abassi sur l’appât démesuré de nos banques, qui tels les riches des guerres, s’évertuent à amasser des bénéfices colossaux et astronomiques avec une économie agonisante et que la Tunisie connait le grand taux d’incarcération à cause des chèques impayés.

J’adjure enfin votre expérience internationale pour rappeler à notre administration, que sous d’autres cieux, la digitalisation a révélé l’inventivité et la mondialisation a libéré les économies, chez nous les projets nécessitent encore 5 000 autorisations préalables et 50 années d’attente. Alors que le monde anticipe le futur avec la Big Data et de l’Intelligence artificielle, nos décideurs nous cantonnent encore l’analogique et les pratiques moyenâgeuses.

Puisse Dieu exaucer mes vœux pour que ma Tunisie, votre Tunisie, notre Tunisie retrouve son lustre et sa sérénité.

Imed Derouiche

 

 

 

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Publié par
Tunisie Numérique