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Par Jawhar Chatty : Ibn Khaldoun et le FMI

Par Jawhar Chatty : Ibn Khaldoun et le FMI

Ce qui suit est un message adressé à tous ceux qui ont été derrière les actes de vandalisme dont a fait l’objet ce samedi la  statue du grand Ibn Khaldoun. On nous dit qu’une certaine gauche dite progressiste manifestait ce jour, au même endroit…La même gauche qui, visiblement, a un problème avec la mémoire et qui a souvent versé dans les discours populistes.

Eh bien, le FMI est déjà à nos portes. Nous verrons ce que fera cette gauche quand il n’y aura plus pour nous d’autres solutions réalistes que d’accepter la médication du FMI. Cette «  gauche » sera d’ailleurs bien inspirée de lire sérieusement Ibn Khaldoun.

Le 9 octobre 2016, le grand amphithéâtre de la BCT faisait une haie d’honneur à Christine Lagarde. Ce jour-là, la directrice générale du FMI était venue nous rappeler au souvenir de deux de nos grands hommes : Aboul Kacem Chebbi et Ibn Khaldoun.

Le premier a porté à incandescence, tel un fil lumineux, cette volonté du peuple qui force le destin à répondre. Le second a fait de la «cohésion sociale» à la fois le point de force qui légitime le pouvoir des dirigeants et le catalyseur du développement.

Mais Mme Lagarde n’était pas venue à Tunis pour seulement nous jeter des fleurs. En citant Ibn Khaldoun et Aboul Kacem Chebbi, elle cherchait aussi à nous convaincre qu’il revient à nous seuls de devoir de nouveau « forcer le destin à répondre » et que pour ce faire, il nous faudrait accepter quelques vérités, fussent-elles amères :

1. la dérive des finances publiques ne pourra plus durer.

2. La masse salariale en représente 13% du PIB, taux considéré comme l’un des plus élevés dans le monde.

3. D’où l’impérieuse nécessité d’un budget qui accroît les dépenses d’investissement et non plus les dépenses de fonctionnement.

4. La Tunisie doit, également, achever la réforme du système fiscal pour être plus équitable, en réduisant à court terme l’écart entre les taux d’imposition. De même, elle doit s’orienter vers un système financier solide et efficace, avec un système bancaire moderne et compétitif et en favorisant le développement de la finance directe.

Qu’est-ce qui a été fait depuis ? Poser ainsi la question, c’est évidemment y répondre, il serait même difficile, voire impudent, d’oser imaginer Christine Lagarde tenir aujourd’hui à notre égard le même discours flatteur et quelque peu indulgent que celui qu’elle avait tenu le 9 octobre 2015 à la BCT ! En 2014, la masse salariale était de 10.5 milliards, en 2017, elle s’élevait à 15 milliards, soit une augmentation de plus de 50% en trois ans. Une première dans le monde. Quel est le bien-fondé des tentatives de diabolisation des institutions financières et monétaires internationales ? Quel crédit accorder à ceux qui voient partout la main invisible et malicieuse du capitalisme mondial sauvage ?

Au lieu de s’indigner du diktat du FMI et de la Banque mondiale, à supposer que ce diktat soit si pesant, ne serait-il pas bien plus approprié de nous indigner du fait que nous continuons à nous entêter à tout faire pour être en plein point de mire de ces institutions ? Au-delà de l’indignation, il nous faut à présent regarder la réalité en face. La réalité est aujourd’hui bien pire qu’en 2016…

Beaucoup sont encore dans l’entêtement. Dans le simple et pur aveuglément: ils s’attaquent désormais à nos plus hauts phares et motifs d’une immense fierté : Ibn Khaldoun…En attendant les suivants !

Jawhar Chatty

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