Economie

Polémique entre experts sur l’utilité de l’augmentation du taux directeur pour combattre l’inflation

Polémique entre experts sur l’utilité de l’augmentation du taux directeur pour combattre l’inflation

Jihad Azour, Jeta Menkulasi et Rodrigo Garcia-Verdu, responsables du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international, viennent de publier le 24 mai courant une note intitulée : « Les pays importateurs de produits de base du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord subissent la hausse des prix ».

Selon la note, la guerre en Ukraine et les sanctions qui l’accompagnent ont entraîné une envolée des cours des produits de base qui aggravera les difficultés déjà rencontrées par les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, en particulier les importateurs de pétrole.

Les auteurs indiquent que la hausse de l’inflation est une des conséquences les plus directes du renchérissement des produits de base. Les prix des denrées alimentaires ont représenté environ 60% de la poussée de l’inflation globale mesurée l’an dernier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, hors pays du Conseil de coopération du Golfe. Ils déclarent tabler donc sur une inflation se maintenant à un niveau élevé dans la région en 2022, à 13,9%, soit une hausse notable par rapport aux prévisions d’octobre.

Les arbitrages à court terme sont devenus de plus en plus complexes pour les pays importateurs de pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, précise la note tout en soulignant que la maîtrise de l’inflation est une des principales priorités, malgré la fragilité des reprises. Dans les pays où les anticipations d’inflation risquent de se renforcer ou les tensions sur les prix de se généraliser, il faut relever les taux directeurs et une communication claire et transparente sera essentielle pour guider les marchés, estiment les auteurs.

L’économie américaine a besoin d’interventions du côté de l’offre plutôt que de hausses des taux d’intérêt par la Réserve fédérale qui ne parviendront pas à maîtriser l’inflation, a estimé l’économiste lauréat du prix Nobel Joseph Stiglitz, le 23 mai courant. 

« Augmenter les taux d’intérêt ne résoudra pas le problème de l’inflation », a déclaré le professeur de l’Université de Columbia à Bloomberg Television lors du Forum économique mondial de Davos, en Suisse. « Cela ne va pas créer plus de nourriture. Cela va rendre les choses plus difficiles parce que vous ne pourrez pas faire les investissements. », note l’économiste.

Les constats de l’économiste prix Nobel seront suivies dans quelques jours par la publication par la Fed du procès-verbal de ses dernières délibérations sur la politique monétaire, mettant potentiellement en lumière un resserrement de plus en plus agressif qui comprenait une augmentation de taux d’un demi-point plus tôt ce mois-ci. Stiglitz a proposé une approche alternative. 

« Ce que vous faites, c’est que vous avez des interventions du côté de l’offre », a-t-il déclaré.  L’économiste a insisté, par ailleurs, sur le fait que la production alimentaire devrait également être une priorité, tant aux États-Unis que dans le monde. 

« Nous avions l’habitude d’avoir des excédents de nourriture aux États-Unis – nous pouvons les récupérer », a-t-il annoncé. « Au moins, essayer de faire tout ce que nous pouvons à l’échelle mondiale pour augmenter l’offre va faire plus pour résoudre le problème que de provoquer une dépression ».

Il a ajouté que « tuer l’économie en augmentant les taux d’intérêt ne résoudra l’inflation à aucun moment ». 

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