Les femmes sont deux fois plus susceptibles de souffrir de dépression que les hommes. Cela ne s’explique pas uniquement par le fait que les hommes consultent moins souvent des psychothérapeutes. La psychologue Ursula Nuber, dans son livre “Qui suis-je sans toi ? Pourquoi les femmes souffrent-elles plus souvent de dépression et comment se redécouvrent-elles ?”, énumère 7 facteurs spécifiques aux femmes pouvant contribuer à ces problèmes de santé mentale, du mariage à l’auto-objectification.
1. Le facteur du temps
Comparées aux hommes, les femmes sont exposées à un stress plus long et plus intense. Elles consacrent davantage de temps au travail, aux tâches ménagères, à l’éducation des enfants et à l’assistance des parents âgés. De nombreuses études confirment que les tâches domestiques restent principalement perçues comme des responsabilités féminines, et l’éducation des enfants repose essentiellement sur les épaules des femmes.
Des sondages montrent que, même si la majorité des pères estiment contribuer de manière égale aux tâches ménagères, les femmes ont une perception différente. En réalité, une fois le premier enfant né, l’égalité des partenaires laisse souvent place à une répartition traditionnelle des rôles. Ainsi, de nombreuses femmes se retrouvent soit à jongler difficilement entre le travail et la maternité, soit à sacrifier leur carrière pour la famille.
2. Le mariage : facteur de risque pour les femmes
Il est prouvé que les hommes mariés sont moins susceptibles de souffrir de dépression que les célibataires. À l’inverse, les femmes mariées ont un risque plus élevé de dépression que les femmes non mariées. Souvent, les femmes évoquent des frictions et de l’insatisfaction dans leur relation, et ces conflits ont tendance à les affecter plus profondément que les hommes.
Les femmes malheureuses dans leur mariage courent un risque bien plus grand de sombrer dans la dépression. En effet, l’absence de soutien émotionnel de la part du conjoint, ajoutée aux responsabilités conjugales, peut mener à un mal-être durable.
3. La maternité
Prendre soin d’un jeune enfant constitue en soi un facteur de risque pour la dépression chez les femmes. Beaucoup de couples commencent leur vie de famille en croyant que toutes les tâches seront partagées de manière équitable. Cependant, la réalité les rattrape rapidement : après la naissance, le partage des rôles redevient traditionnel. Les femmes sont souvent forcées de repousser leurs ambitions personnelles, tout en se retrouvant isolées et épuisées par leur charge de travail.
De plus, la pression sociale sur les mères pour qu’elles soient “parfaites” ajoute à leur stress. Elles s’efforcent constamment de tout faire correctement, car elles pensent que l’avenir de leur enfant dépend exclusivement de leurs actions. Ce besoin de perfection est difficilement atteignable et peut aboutir à un profond sentiment d’échec.
4. Être mère célibataire
Les mères célibataires souffrent davantage de ce déséquilibre. Sans partenaire ni soutien familial, elles doivent gérer seules la parentalité et leur carrière, souvent dans des conditions financières précaires. En l’absence de soutien, jongler avec toutes ces responsabilités devient une source de stress intense.
5. La gestion des relations
Les femmes se sentent généralement responsables de l’ambiance familiale et des relations avec leur partenaire. Elles perçoivent plus facilement les problèmes des autres et cherchent à les résoudre. Souvent, elles sont les confidentes, les conseillères et le soutien moral pour leur entourage, y compris leurs amis et leurs enfants adultes.
Cette tendance à se soucier des autres et à offrir de l’empathie n’est pas négative en soi. Cependant, le déséquilibre survient lorsque les femmes donnent sans recevoir en retour. Elles accumulent alors les soucis des autres, s’épuisant émotionnellement. Contrairement aux hommes, qui se protègent davantage des soucis de leur entourage, les femmes sont plus sujettes à l’épuisement émotionnel.
6. La violence conjugale
La violence à l’égard des femmes représente une menace mondiale pour leur santé. Selon l’Organisation mondiale de la santé, une femme sur quatre subit au moins une forme de violence physique ou psychologique de la part de son partenaire. Ce traumatisme, qu’il soit verbal, physique ou sexuel, laisse des traces durables sur la santé mentale et le bien-être des victimes.
7. L’auto-objectification
Les femmes ont souvent du mal à s’accepter telles qu’elles sont. Elles croient devoir être plus minces, plus toniques et plus élégantes. Elles font d’énormes efforts pour améliorer leur apparence, croyant que le bonheur passe par un physique “idéal”. Malheureusement, cette pression sociétale les pousse à l’auto-objectification, c’est-à-dire à se considérer et à s’évaluer comme des objets de désir pour les hommes.
Cette quête de perfection engendre une obsession de l’apparence et peut mener à des troubles alimentaires et à la dépression. Comme l’affirme le philosophe français Pierre Bourdieu, les femmes se perçoivent à travers le regard des autres, ce qui les enferme dans un cycle de critique et de jugement de leur propre corps.
Conclusion
Il est essentiel de comprendre les différents facteurs de stress auxquels les femmes sont confrontées et qui les rendent plus vulnérables à la dépression. L’équilibre des rôles familiaux, le soutien émotionnel, la reconnaissance des responsabilités partagées, et la bienveillance envers soi-même sont autant de pistes à explorer pour diminuer les risques de dépression chez les femmes. Prendre conscience de ces défis et en discuter ouvertement est un premier pas vers une meilleure santé mentale et un bien-être durable.
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