Fitch Ratings vient d’indiquer dans un nouveau rapport qu’elle a publié hier soir mardi 10 novembre 2020 autour des perspectives de la résilience du secteur bancaire tunisien à court terme, en l’occurrence à l’horizon des 12 mois prochains, que les banques tunisiennes seront confrontées à une forte augmentation des risques d’impayés des crédits.
La maison de notation internationale a précisé, en outre, que la capacité de gérer les crédits bancaires en Tunisie s’affaiblit davantage avec la fin des mesures qui ont été prises pour les rééchelonner.
Par ailleurs, le nouveau rapport de Fitch Ratings a dévoilé que la rentabilité du secteur bancaire local est assez faible, ce qui se traduit par des risques de lamination des capitaux propres des banques pour couvrir suffisamment les risques montants et liés surtout à l’activité d’octroi des crédits.
Le verdict est clair : les notations des banques tunisiennes pourraient être revues à la baisse particulièrement pour les banques dont les indicateurs financiers se détériorent au-delà des limites et des normes en vigueur.
Par ailleurs, il a été indiqué que la plupart des grandes banques ont enregistré de faibles augmentations des crédits à la clientèle avec un accroissement remarquable des provisions pour risques d’impayés au cours du premier semestre de l’année 2020, reflétant ainsi les effets de la politique monétaire restrictive adoptée par la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Le ratio de provisionnement des crédits par rapport au résultat d’exploitation est passé de 29,9% en 2019 à 62,9% pour un échantillon représentatif composé des grandes banques tunisiennes en l’occurrence celles qui sont cotées à la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT).
Néanmoins, la majeure partie de cette hausse de provisions concerne l’Union internationale de banque, et ce en raison d’une baisse du bénéfice d’exploitation avant la constatation de la charge de provisionnement du risque, dans le cadre de l’application d’une démarche probablement de plus en plus prudente du provisionnement, en synergie avec la politique de la banque mère, la Société Générale.
Fitch s’attend, sous ces angles, que le ratio de provisionnement par rapport au résultat d’exploitation avant constatation du risque crédit augmentera en 2021, pour atteindre éventuellement le pic de 2013 qui était une année marquée par la montée des troubles sociaux au lendemain des évènements post 2011. A cet effet, la fin des mesures de rééchelonnement des crédits en septembre dernier exposera de nombreux emprunteurs à des pressions sur leur trésorerie, en particulier ceux qui sont durement touchés par l’impact de la pandémie sur le tourisme, l’hôtellerie et les exportations.
En outre, le passage des banques tunisiennes à la norme « International Financial Reporting Standard 9 » (IFRS9) – un modèle de classement des actifs financiers, fondé sur les caractéristiques des flux de trésorerie et le modèle économique dans lequel l’actif est détenu – à partir de la fin de l’exercice 2021 devrait, d’après le rapport de Fitch Ratings, impacter la qualité des actifs déclarés ce qui nécessite un provisionnement supplémentaire étant donné l’utilisation d’informations prospectives dans le modèle, en question.
Fitch conclut son rapport par la prévision d’une croissance de l’économie tunisienne de 4,5 % en 2021 sans pour autant exclure des risques de baisse compte tenu des tensions sociales, de l’instabilité politique et de l’incertitude quant à la durée et au resserrement éventuel des mesures prises par les autorités pour contrer les répercussions de la crise sanitaire.
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