Economie

Récolte céréalière 2022 : Les contrebandiers guettent le blé local

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Outre les difficultés auxquelles sont confrontées les agriculteurs d’une façon générale, une nouvelle menace plane sur les récoltes céréalières cette année. Au fait, des agriculteurs reçoivent désormais des offres généreuses de la part de « commerçants » pour leur vendre leurs récoltes sur le marché parallèle, en contournant le marché formel.

D’habitude, ces « commerçants » ne proposaient pas aux producteurs de céréales d’acheter les récoltes, car les céréales collectées étaient transportées directement depuis les zones de production vers les centres de collecte de l’Office des céréales ou les entrepôts des entreprises agréées actives dans ce secteur.

Cependant, la crise mondiale des céréales et la hausse des prix ont transformé les méthodes de commercialisation du blé après que des contrebandiers et des spéculateurs déguisés en commerçants tentent de collecter la plus grande quantité possible de la récolte céréalière, que le ministère de l’Agriculture estimait à environ 2 millions de tonnes.

Cette année, les autorités tablent sur la collecte de 2 millions de tonnes de céréales sur les 3,4 millions de tonnes dont la Tunisie a besoin pour assurer les besoins de la population.

On s’attend également à ce que les agissements de ces contrebandiers et spéculateurs déguisés en commerçants provoquent une pénurie importante au niveau du stockage dans les centres de collecte officiels et une pénurie d’approvisionnement dans les mois qui suivent la saison des récoltes, sachant que les contrebandiers et spéculateurs en céréales, proposent aux agriculteurs un prix estimé à 150 dinars le quintal, contre 130 dinars pour le prix officiel.

Cette différence entre les deux prix tente les producteurs qui souffrent de lourdes dettes, de coûts de production élevés et de faibles rendements, d’autant plus qu’il est probable que le but des contrebandiers soit d’acheter des céréales en dehors des circuits officiels et de les faire passer en contrebande vers les pays voisins.

Ces faux commerçants offrent aux agriculteurs des sommes intéressantes avec prépaiement en échange de promesses de leur réserver les récoltes, sachant que les agriculteurs vendent, en règle générale, leurs récoltes à l’office des céréales ou aux centres de collecte officiels.

Selon des observateurs, cette situation nécessite, le suivi de la récolte de cette année, depuis le stade de la moisson jusqu’à l’approvisionnement des silos, et d’empêcher le transfert de la récolte hors des gouvernorats sans permis.

La crise mondiale des céréales a ranimé le marché noir et stimulé la spéculation et le monopole. Cependant, l’intrusion de ces faux commerçants sur le marché des céréales est un problème inédit, d’autant plus que la vente sur pied des récoltes, selon les coutumes agricoles, se limite aux seuls arbres fruitiers et oliviers et n’inclut pas les céréales.

Début avril dernier, les autorités ont annoncé une augmentation de 30% des prix des céréales locales pour la récolte 2022, dans le but d’augmenter la production et de collecter de grandes quantités de céréales, de réduire les fonds alloués aux importations et de renforcer la sécurité alimentaire du pays.

Notons que, la consommation céréalière de la Tunisie s’élève à 3,4 millions de tonnes, selon les données officielles de l’Office des céréales. Les importations céréalières sont ajustées en fonction des taux de production annuels.

La contrebande de la récolte vers les pays voisins est susceptible d’affecter d’une manière ou d’une autre les quantités collectées et les prix des céréales.

Notons que les querelles politiques qui divisent l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche ont dispersé ses efforts et entravé son rôle de sécurisation de la saison des récoltes et de soutien des agriculteurs pour freiner la contrebande et le trafic des céréales, et ce après une tentative de destitution menée par le Bureau exécutif suite à des accusations contre le président de l’union, Abdel Majid Ezzar, membre notoire du mouvement Ennahda.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek