Economie

Réserves de phosphates : La Norvège futur concurrent du Maroc ?

Réserves de phosphates : La Norvège futur concurrent du Maroc ?

Selon des médias internationaux, la Norvège aurait découvert un vaste gisement de phosphate sur son territoire, estimé à au moins 70 milliards de tonnes, ce qui pourrait potentiellement la placer en tête des pays détenant les plus grandes réserves mondiales de ce minéral essentiel à l’agriculture et à l’industrie chimique.

Traditionnellement, le Maroc est considéré comme le plus grand détenteur de réserves de phosphates, représentant environ 70% des réserves mondiales connues.

Un produit stratégique

Selon un rapport du centre d’études stratégiques de la Haye, l’Union européenne dépend actuellement presque entièrement des importations de phosphate extra-européennes, qui abritent d’importants gisements. Le document, publié avant la découverte de l’énorme gisement norvégien, assure que l’Europe devrait être « préoccupée par les pénuries de phosphate ».

La Commission européenne considère le phosphate comme une ressource « critique » selon la loi sur les matières premières critiques (CRMA), une proposition de loi visant à garantir l’approvisionnement en matières premières importantes de l’UE, et non comme une ressource « stratégique ». Les projets d’exploitation de ressources relevant de cette dernière catégorie bénéficient de permis plus rapides.

Le ministre norvégien du Commerce et de l’Industrie, Jan Christian Vestre, a confirmé le mois dernier que le gouvernement envisageait d’accélérer la construction d’une mine géante dans le Helleland une fois que l’analyse des 75,6 kilomètres de carottes de forage sera terminée. Si l’autorisation est donnée, la première grande mine pourrait commencer à fonctionner d’ici 2028.

Cependant, après avoir examiné attentivement les données disponibles, des experts ont conclu que cette affirmation est fausse. Selon des experts, bien que la Norvège ait effectivement découvert de nouvelles réserves de phosphates, ces réserves ne sont pas suffisantes pour dépasser celles du Maroc en termes de quantité.

Des gisements pas encore confirmés

Les données officielles des réserves de phosphates sont principalement basées sur les estimations du United States Geological Survey (USGS) et du British Geological Survey (BGS), qui sont des références mondiales en matière de ressources minérales. Toutefois, les organisations n’ont pas encore mis à jour leurs chiffres pour inclure les nouvelles découvertes norvégiennes.

De plus, les experts soulignent que les réserves de phosphates ne sont pas seulement évaluées en fonction de leur quantité, mais également en termes d’accessibilité et de viabilité économique de leur exploitation. Le Maroc possède une infrastructure bien établie pour l’extraction et l’exportation de phosphates, ce qui lui donne un avantage significatif par rapport à d’autres pays qui pourraient avoir des réserves plus importantes mais moins exploitables.

Bien que la Norvège ait découvert de nouvelles réserves de phosphates, il est inexact de prétendre qu’elle est désormais le premier détenteur mondial de ces ressources, surpassant le Maroc. Le Maroc conserve toujours son statut de principal détenteur de réserves de phosphates, tant en termes de quantité que de viabilité économique.

Le Maroc loin devant son concurrent potentiel

Actuellement, les plus grandes réserves de phosphate du monde, soit environ 50 milliards de tonnes, se trouvent au Maroc. L’Office marocain des phosphates a lancé un important programme d’investissement de 130 milliards de Dirhams pour la période 2023-2027. Ce programme se concentre sur l’augmentation des capacités de production d’engrais et de roches et sur l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2040. Le Maroc a produit 40 millions de tonnes d’engrais en 2022, fournissant plus de 70 % des gisements de phosphate du monde.

Notons que d’autres réserves importantes se trouvent en Chine, en Égypte et en Algérie, selon les estimations américaines.

Il est important de noter que les réserves de phosphates sont des ressources non renouvelables, et leur exploitation durable et responsable est cruciale pour assurer la sécurité alimentaire et la durabilité environnementale à long terme.

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