Face à une conjoncture mondiale incertaine, marquée par une guerre commerciale relancée par Donald Trump et un ralentissement économique généralisé, le gouvernement britannique affirme sa volonté de maintenir une discipline budgétaire stricte. La ministre des Finances Rachel Reeves a réaffirmé ce dimanche que Londres « continuera à respecter ses règles financières », malgré les défis croissants.
Lors de son intervention sur Sky News, Reeves a reconnu que « le monde a changé » et que « les gouvernements doivent s’adapter ». Elle entend toutefois tenir son engagement pris en octobre dernier : équilibrer les dépenses courantes et les recettes fiscales d’ici la fin de la décennie.
Mais les turbulences ne manquent pas : croissance atone, hausse des taux d’intérêt et flambée du coût de la dette. Le vendredi précédent, les chiffres de l’emprunt public ont provoqué une flambée des coûts d’emprunt britanniques, suscitant l’inquiétude des marchés sur la capacité du gouvernement Starmer à assainir les finances publiques.
Un plan d’austérité déguisé ?
Le gouvernement travailliste n’a pas tardé à réagir. Déjà, des coupes de 5 milliards de livres sterling (soit environ 6,5 milliards de dollars) dans les dépenses sociales ont été annoncées la semaine dernière, soulevant la colère de certains députés du Labour, pourtant parti au pouvoir.
Dans un entretien à la BBC ce dimanche, Rachel Reeves a également confirmé que le Royaume-Uni visait une réduction de 10 000 postes dans la fonction publique, espérant ainsi réduire les dépenses opérationnelles de 15 %.
La ministre promet toutefois de maintenir l’augmentation des dépenses réelles, tout en appelant à une meilleure efficacité grâce notamment à l’usage des technologies, comme l’intelligence artificielle.
Un exercice budgétaire sous haute tension
Rachel Reeves doit présenter ce mercredi son très attendu « Spring Statement », accompagné de projections économiques actualisées. Les marges budgétaires se sont sensiblement réduites depuis le dernier budget d’octobre 2024, en raison du faible dynamisme économique et de la montée du coût du service de la dette.
Dans ce contexte, Reeves serait contrainte de revoir à la baisse certaines dépenses gouvernementales, notamment en matière sociale, tout en excluant toute nouvelle hausse d’impôts – une ligne rouge qu’elle s’est engagée à ne pas franchir.
Trump relance la guerre commerciale
L’un des facteurs aggravants de cette instabilité budgétaire vient des États-Unis. Le retour de Donald Trump au centre du jeu politique mondial, et ses nouvelles mesures protectionnistes — notamment des droits de douane menaçant les échanges transatlantiques — contribuent à peser lourdement sur les perspectives économiques du Royaume-Uni, pays particulièrement dépendant du commerce extérieur.
La nouvelle configuration mondiale, plus instable et moins favorable aux échanges, complique donc la tâche de Londres, qui cherche à concilier rigueur budgétaire, réformes structurelles et maintien de la cohésion sociale dans un climat politique de plus en plus tendu.
Rachel Reeves semble déterminée à maintenir le cap. Reste à savoir si les sacrifices annoncés suffiront à rassurer les marchés… et à préserver la confiance des citoyens.
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