L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) s’apprête à tenir, ce mercredi 21 et jeudi 22 mai 2025, une réunion cruciale de son instance administrative nationale à Hammamet. Il s’agit de la première réunion de cette importance depuis près de huit mois, alors que l’organisation syndicale traverse l’une des plus profondes crises internes de son histoire récente.
Cette rencontre, très attendue, se déroule dans un climat marqué par des tensions croissantes au sein de l’organisation et des appels à des réformes structurelles majeures.
Des dossiers brûlants au menu de la réunion
Selon le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Othman Jelouli, cette instance abordera à la fois la situation économique et sociale du pays et les dissensions internes de l’organisation.
Il a souligné que les divergences actuelles sont liées à des visions opposées concernant la gouvernance et les choix stratégiques, chacun des courants cherchant à rallier un maximum de structures syndicales à sa cause. La principale pierre d’achoppement demeure la tenue d’un congrès exceptionnel, un sujet qui continue de diviser profondément la centrale.
Jelouli a appelé le bureau exécutif à formuler des propositions concrètes pour sortir de cette impasse, dans le but de préserver l’unité de l’organisation.
L’UGTT de Sfax hausse le ton contre Taboubi
À Sfax, la tension est montée d’un cran. L’instance administrative régionale de l’Union régionale du travail a annoncé, par la voix de son secrétaire général adjoint Mohamed Abbès, son maintien en état de réunion permanente, dans l’attente des décisions qui seront prises à Hammamet.
Dans un communiqué cinglant, les syndicalistes sfaxiens ont exigé la saisine de la commission nationale du règlement intérieur concernant le secrétaire général de l’UGTT, Nourreddine Taboubi. Ils demandent sa suspension immédiate de toute activité syndicale, l’accusant de graves manquements au pacte syndical.
L’opposition syndicale appelle à un sursaut
Anouar Hsini, membre de l’instance provisoire de l’opposition syndicale à Sfax, a de son côté tiré la sonnette d’alarme sur les ondes de Diwan FM. Il a évoqué une situation « désastreuse » au sein de la centrale, marquée par des fractures internes profondes et une crise de gouvernance.
L’opposition appelle à un véritable « sauvetage » de l’UGTT, demandant l’ouverture d’enquêtes sur des affaires de corruption financière et administrative, ainsi que la suppression de l’article 20 du règlement intérieur. Cet article, au cœur des contestations, est accusé de verrouiller la direction de l’organisation.
Les opposants plaident également pour la création d’une instance de gestion provisoire, chargée de restructurer l’Union et de préparer le 24e congrès électif, sur la base des statuts de 2017.
Un tournant historique pour la centrale syndicale
Cette instance administrative pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire de l’organisation fondée par Farhat Hached. Entre appels à la réforme, fronde régionale, et tentatives de médiation, l’UGTT est à la croisée des chemins.
Les prochains jours seront décisifs pour savoir si un compromis est encore possible ou si la centrale se dirige vers une recomposition de ses équilibres internes. Pour de nombreux observateurs, l’enjeu n’est rien de moins que la survie d’une organisation encore influente mais aujourd’hui fragilisée par ses propres divisions.
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