Face à la montée fulgurante des plateformes chinoises comme Shein et Temu, l’Europe subit une offensive commerciale sans précédent, menée à coups de colis bon marché livrés à grande échelle. Derrière cette apparente success story du e-commerce se cache une stratégie d’influence redoutablement efficace qui menace les équilibres économiques, fragilise le commerce local et interroge la souveraineté numérique. Une guerre économique silencieuse est en marche.
Un bouleversement structurel du commerce mondial
Ce qui se joue aujourd’hui en Europe, c’est une guerre commerciale silencieuse, mais redoutablement efficace. Elle ne passe ni par des droits de douane ni par des accords bilatéraux, mais par des millions de colis chinois qui envahissent chaque jour les boîtes aux lettres, portés par des géants comme Shein, Temu ou AliExpress.
Derrière cette avalanche de paquets se cache une transformation profonde des modes de consommation : les ménages européens plébiscitent de plus en plus les produits chinois, attirés par les prix cassés et ce, souvent au détriment des produits locaux, dans un contexte marqué par la crise économique et l’inflation persistante.
Des chiffres révélateurs
Selon la Commission européenne, plus de 4,6 milliards de colis d’une valeur inférieure à 150 euros ont été reçus dans l’Union européenne en 2024. Parmi eux, 91 % provenaient de Chine. Cela équivaut à plus de 12 millions de colis par jour, soit environ 145 colis par seconde.
En France, le volume approche les 800 millions de colis, soit un quart du trafic postal français, un record absolu. Ces données témoignent d’une stratégie offensive de pénétration du marché, qui s’appuie sur les failles du commerce international : exonération de TVA, absence de contrôle systématique et coûts de production extrêmement bas.
Une stratégie bien rodée de la Chine
La montée en puissance de Shein et Temu ne relève pas d’un simple accident commercial. Elle traduit l’émergence d’un nouvel ordre économique mondial, où le commerce électronique devient à la fois vecteur de puissance géopolitique et levier stratégique d’influence.
Loin d’être un simple désordre logistique, cette déferlante de colis s’inscrit dans une stratégie économique réfléchie et méthodique.
En maîtrisant l’ensemble de la chaîne, de la production à la livraison, la Chine utilise ses plateformes comme outils d’influence économique mondiale. Une guerre commerciale silencieuse, mais avec des répercussions visibles sur les tissus économiques nationaux.
Vers un commerce électronique souverain
L’enjeu pour les pays touchés est double :
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Assurer des conditions de concurrence équitables, pour éviter l’effondrement des acteurs économiques locaux ;
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Accélérer la transformation numérique des entreprises nationales, afin de leur permettre de tirer profit des nouvelles chaînes de valeur du commerce en ligne mondial.
Pour se prémunir contre l’impact de cette guerre commerciale sur la désintégration de la création de la valeur et éviter de se cantonner au rôle de simples zones de consommation, il est impératif pour des pays comme la Tunisie de mettre en place, en urgence, un plan d’action national numérique.
Ceci passe par la formation, l’amélioration des infrastructures logistiques, l’intégration des paiements électroniques, et l’accompagnement des PME vers l’export digital. Une politique volontariste de digitalisation devient incontournable pour éviter la marginalisation économique.
Poser les bases d’un e-commerce équitable, transparent et souverain pourrait transformer cette mutation en véritable opportunité économique et stratégique.
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