Economie

Sommet USA-Afrique : Saied aura-t-il sa part dans les 55 milliards de dollars?

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Le chef de l’Etat, Kais Saied, est en ce moment même à Washington pour les besoins du Sommet entre les USA et l’Afrique, une affaire sur laquelle le président américain, Joe Biden, travaille depuis un an. La Tunisie et les Etats-Unis reviennent de loin. Rappelons qu’en avril dernier Tunis a essuyé des tirs en provenance du secrétariat d’Etat américain au motif que Kais Saied sort des clous de la démocratie. Rappelons également toutes les autres salves depuis Washington, la réduction de moitié de l’aide militaire américaine et le fait que Tunis ait été zappé pour le Sommet de la démocratie. Mais Biden a décidé de lever le pied pour de bonnes raisons…

Les USA sont de plus en incommodés et même terrifiés par l’essor de la Chine en Afrique et ailleurs dans le monde. Washington et l’Europe ont tenté de brandir le spectre d’un naufrage du continent africain, sous le poids de l’endettement croissant auprès de Pékin – qui contrôle près de 60% de la dette extérieure africaine – mais cet épouvantail n’a pas fait tiquer les Africains. Alors les USA changent de braquet et se mettent à parler le langage que comprend un continent qui a besoin de financements pour transformer ses immenses ressources naturelles.

C’est ce que Biden tentera de vendre à une cinquantaine de délégations africaines, dont des chefs d’Etat et des décideurs. Il mettra sur la table l’AGOA (African Growth Opportunities Act), un dispositif mis sur les rails en 2000 et dont la liste des pays bénéficiaires est revue tous les ans. Le but de la manoeuvre est de dégager la voie aux exportations africaines vers les USA pour soutenir l’effort de développement. Plus de 1800 produits africains peuvent avoir droit à des réductions de taxes à l’importation…

Mais Washington devra en faire davantage. La Chine elle n’en est plus au stade de la réduction mais de la suppression pure et simple des droits de douane, Pékin vient de l’accorder à 18 pays africains, à ajouter à l’annulation des dettes de 17 nations africaines. On a appris, sur France 24, que Biden dégainera un financement de 55 milliards de dollars, sur 3 ans, pour doper plusieurs secteurs en Afrique. En attendant les 600 milliards de dollars du G7 que le président américain avait annoncés en juin 2022.

Il n’a certainement pas échappé à Biden que le président tunisien a rencontré dernièrement dans ce sens son homologue chinois pour lui soumettre ses besoins. Donc Washington saisit l’urgence à agir en Afrique pour se donner une chance de peser face à la Chine. C’est le deuxième sommet du genre entre les USA et l’Afrique, les Américains devront multiplier les rendez-vous et les initiatives concrètes pour être au niveau de la Chine…

Rien qu’en 2020, Pékin a scellé en Afrique des accords de l’ordre de 735 milliards de dollars avec 623 entreprises. Les Etats-Unis font pâle figure à côté avec leurs 22 milliards de dollars depuis 2019, avec seulement 80 entreprises.

A part les axes commerciaux et économiques Washington mettra le paquet sur la sécurité, notamment le péril terroriste au Sahel, un terrain sur lequel la Chine n’est pas présente. Il s’agit là aussi de couper l’herbe sous le pied de la Russie, laquelle prospère en Afrique de l’Ouest en soufflant sur les braises du sentiment anti-français…

Enfin il y a ces deux dernières cartes et non des moindres : Faire en sorte que l’Afrique décroche un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, un vieux combat du continent africain. Biden l’avait évoqué en septembre dernier, il l’explicitera devant les dirigeants africains à Washington. Et puis il y a le siège au G20 que la Maison Blanche a promis à l’Union africaine. Ce sont deux gros dossiers sur lesquels Pékin n’est pas présent et ça pèse lourd sur la balance.

 

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