Dans un geste politique fort, aux résonances régionales évidentes, le président libanais Joseph Aoun et son homologue palestinien Mahmoud Abbas ont affirmé, mercredi 21 mai 2025, leur engagement commun à garantir le monopole de l’usage des armes par l’État libanais. Une déclaration conjointe qui affirme sans ambiguïté : « Le temps des armes en dehors de l’autorité de l’État libanais est révolu. »
Ce message, diffusé après leur rencontre officielle au palais présidentiel de Baabda, remet sur la table l’épineux dossier des armes illégales au Liban, en particulier dans les camps palestiniens. Mais ses implications pourraient aller bien au-delà, visant potentiellement non seulement les factions palestiniennes armées comme le Hamas, mais aussi le Hezbollah, acteur central du paysage sécuritaire libanais.
Les termes employés dans le communiqué sont clairs : il s’agit de « mettre fin à toute manifestation contraire à la logique de l’État libanais ». Une formule souvent reprise par les responsables politiques qui dénoncent la multiplicité des centres de pouvoir armés dans le pays. Le timing et le cadre de cette déclaration – une visite officielle du président palestinien à Beyrouth – lui confèrent une dimension stratégique importante.
La visite de Mahmoud Abbas, sa première au Liban depuis 2017, intervient dans un contexte régional en mutation et dans un climat de pressions croissantes, tant internes qu’externes, en faveur d’un rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire libanais. Elle s’inscrit aussi dans une volonté de l’Autorité palestinienne de reprendre la main sur les camps et de réduire l’influence du Hamas, qui y conserve une présence armée significative.
Cependant, le contenu de cette déclaration pourrait également être lu comme un signal implicite adressé au Hezbollah. Car si le texte ne le mentionne pas explicitement, le débat sur le monopole de la force publique au Liban est indissociable de la question de l’arsenal militaire du parti chiite, souvent présenté par ses adversaires comme un « État dans l’État ».
Dès lors, une question centrale se pose : assiste-t-on à un tournant décisif vers le désarmement progressif du Hamas au Liban ? Et surtout, ce discours marque-t-il le prélude à une remise en cause plus globale de la légitimité des armes détenues par le Hezbollah en dehors de l’État ?
Entre message politique fort et réalité du terrain, le chemin reste semé d’obstacles. Mais une chose est sûre : Beyrouth, avec l’appui officiel de la direction palestinienne, semble vouloir ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire complexe de la souveraineté libanaise.
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