Un répit de 90 jours, mais aucune garantie de paix durable. Depuis ce mercredi 14 mai 2025 à 04h01 GMT, la Chine et les États-Unis ont levé l’essentiel des surtaxes douanières punitives qu’ils s’imposaient mutuellement depuis des années, marquant une trêve provisoire dans leur guerre commerciale. Cet accord surprise, conclu le week-end dernier à Genève, a immédiatement fait naître un espoir prudent sur les marchés mondiaux.
Une suspension partielle mais significative
Les surtaxes américaines sur les produits chinois ont été ramenées à 30%, tandis que la Chine a abaissé ses taxes douanières à 10% sur les biens en provenance des États-Unis. Cette détente commerciale, qualifiée d’« accord très solide » par le président américain Donald Trump lors d’une interview accordée à Fox News depuis Air Force One, vise à désamorcer les tensions qui ont bouleversé les chaînes d’approvisionnement mondiales ces dernières semaines.
Parmi les premières mesures concrètes : la levée de l’interdiction chinoise sur les avions Boeing et la suspension américaine de nouvelles restrictions à l’exportation de semi-conducteurs — un domaine clé dans la course technologique entre les deux puissances, notamment pour le développement de l’intelligence artificielle.
Xi Jinping met en garde contre l’unilatéralisme
Dans un discours prononcé mardi devant des responsables latino-américains, le président chinois Xi Jinping a lancé une critique voilée à l’encontre des États-Unis, affirmant que « personne ne peut gagner une guerre des droits de douane ». Il a dénoncé « l’hégémonisme » et mis en garde contre l’isolement diplomatique engendré par de telles pratiques.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a exhorté les nations d’Amérique latine à s’unir face à « l’intimidation commerciale » venue de Washington.
Le fentanyl, point noir de la coopération bilatérale
Malgré cette accalmie commerciale, le dossier du fentanyl continue d’empoisonner les relations entre Pékin et Washington. Les États-Unis maintiennent 20% de leurs droits de douane punitifs dans le but de faire pression sur la Chine dans la lutte contre le trafic de cette drogue mortelle. Washington accuse Pékin de laxisme face à la production de précurseurs chimiques utilisés pour fabriquer cet opioïde, responsable de dizaines de milliers de morts chaque année aux États-Unis.
Pékin rejette ces accusations, y voyant une instrumentalisation du sujet à des fins politiques. Mardi, le ministère chinois des Affaires étrangères a de nouveau appelé les États-Unis à faire preuve de « responsabilité partagée » dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Un avenir incertain
Les analystes s’accordent sur un point : cette trêve est fragile. « Des réductions supplémentaires de droits de douane seront difficiles à obtenir et le risque d’une nouvelle escalade demeure », alerte Yue Su, économiste chez Economist Intelligence Unit, interrogée par l’AFP.
La fenêtre de 90 jours représente donc un sursis plus qu’une résolution. Et à l’heure où le monde observe les grandes manœuvres économiques des deux géants, la moindre déclaration ou mesure protectionniste pourrait raviver une guerre commerciale qui n’a jamais vraiment cessé.
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