Economie

Tunisie : Gel temporaire des prix des carburants, en attendant le référendum ? (2/2)

Tunisie : Gel temporaire des prix des carburants, en attendant le référendum ? (2/2)

Les autorités qui avaient prévu d’augmenter de 3% par mois les prix de l’essence jusqu’au mois de septembre, ont suspendu depuis le mois d’avril dernier l’application du mécanisme d’ajustement périodique des prix des carburants, qu’elles entendaient activer mensuellement, en se contentant pour le moment de décréter trois hausses des prix des carburants au cours du premier semestre de cette année dans l’attente, semble-t-il de dépasser l’échéance du référendum sur la nouvelle constitution prévue le 25 juillet prochain.

D’ailleurs la commission d’ajustement des prix des hydrocarbures ne s’est pas réunie depuis deux mois sachant que généralement la décision d’ajuster les prix est politique.

Aussi, la commission n’a pas été invitée à se réunir, à priori, pour statuer sur un nouvel ajustement des prix en dépit de l’accroissement vertigineux des cours du pétrole et du gaz sur le marché mondial et les répercussions attendues, de ce fait, sur le budget et les équilibres de la balance commerciale énergétique.

Plusieurs observateurs pensent que les autorités éviteront toute augmentation des prix des carburants avant le referendum sur la nouvelle constitution, compte tenu des répercussions de ces augmentations sur la vie des citoyens et le contexte social assez tendu depuis une longue période à cause de l’inflation et de la baisse significative du pouvoir d’achat et du surendettement des ménages.

Il est à noter également que l’augmentation des prix des carburants affectera tous les secteurs manufacturiers et des services notamment le secteur du transport et les branches connexes et ce, dans une conjoncture marquée par les craintes du gouvernement d’être critiqué de nouveau par les bailleurs de fonds qui ont pointé, à plusieurs reprises, les problèmes de bonne gouvernance des subventions et des transferts sociaux et leurs impacts sur les équilibres des finances publiques du pays.

Cependant, il est attendu que la détérioration de la situation du secteur de l’énergie et le coût accru de cette situation sur la vie des tunisiens, suite aux augmentations fréquentes des tarifs de l’électricité et du gaz et des ajustements périodiques des prix des carburants, va se poursuivre en l’occurrence avec des augmentations récurrentes mensuellement de 3% des prix de l’énergie jusqu’à la fin de cette année.

Au début du mois courant, le gouvernement a annoncé son intention de supprimer progressivement les subventions des carburants et l’approvisionnement des ménages par les denrées alimentaires de base et l’électricité, ainsi que le gel du recrutement dans le secteur public et ce, dans le cadre d’un plan de réforme visant à réduire les dépenses publiques afin de remédier à la crise financière aigue qui secoue l’économie et les finances publiques de la Tunisie.

La présidence du gouvernement a d’ailleurs publié un document qui a présenté les grandes lignes du plan de réforme, qui s’étend de 2023 à 2026, notant que « la situation de l’économie nationale a été largement affectée par les répercussions de la crise russo-ukrainienne, entraînant une augmentation des dépenses pour soutenir les subventions surtout pour les produits pétroliers et les denrées alimentaires de base, ce qui a causé la montée des pressions inflationnistes».

Le plan de réforme se base sur 43 axes et mesures, dont la réforme des subventions, la restructuration des entreprises publiques, la refonte du système fiscal, la digitalisation des services administratifs, la révision des prix du gaz destiné à la consommation des ménages, la libéralisation de l’importation des matières premières, l’augmentation des prix de l’électricité et la levée des subventions alimentaires.

Néanmoins, L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) rejette toutes les propositions du plan des réformes gouvernementales qu’il considère comme imposées par les instances financières internationales et les bailleurs de fonds. L’organisation syndicale menace de s’opposer à toutes les mesures affectant les moyens de subsistance des tunisiens.

L’UGTT, qui a mené une grève générale dans le secteur public le 16 juin, réclame des réformes économiques basées sur le partage de leurs coûts par toutes les classes sociales tout en adoptant des solutions tuniso-tunisiennes et qui tiennent compte, des spécificités de la société et de la vulnérabilité de la plupart de ses composantes.

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