Economie

Tunisie – La COFACE met en garde contre la forte montée des risques politique et social

Tunisie – La COFACE met en garde contre la forte montée des risques politique et social

La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE), qui est une société d’assurance-crédit dont la mission est d’assurer les entreprises contre le risque d’insolvabilité, vient d’actualiser son évaluation du risque pays de la Tunisie pour cette année dans une note dédiée, à cet effet.

Au volet des points faibles, la COFACE cite le creusement des inégalités sociales et géographiques qui sont de plus en plus fortes, le niveau élevé du chômage, en particulier chez les jeunes (41%), entraînant une augmentation des troubles sociaux et des manifestations.

La compagnie évoque aussi d’êtres vulnérabilités à l’instar de l’économie fortement impactée par le COVID-19 et la crise politique, la fragmentation de la représentation politique reflétant celle de la société et le tourisme confronté à des problèmes de sécurité, à une concurrence étrangère accrue, à un manque d’investissement et à une faible diversification de l’offre et des thèmes

Concernant l’appréciation du risque, la COFACE traite trois axes :

  • La « success story » du printemps arabe en risque de recul de la démocratie

En s’appuyant sur une lecture très controversée de la Constitution de 2014, le président Kaïs Saïed, élu en octobre 2019, a suspendu l’activité du Parlement fin juillet 2021, limogé le premier ministre Hichem Mechichi et son gouvernement, et a pris le pouvoir exécutif, indique la COFACE.

D’après la compagnie, l’Assemblée des représentants du peuple était profondément fragmentée, avec une opposition entre les laïcs et les religieux. En septembre 2021, Saïed a suspendu la majeure partie de la constitution et a déclaré qu’il gouvernerait par décret, puis a nommé un cabinet de technocrates en octobre.

Bien que l’on s’attende à ce que le Parlement soit finalement autorisé à se réunir à nouveau, Saïed tentera probablement de saper son pouvoir, souligne la COFACE. L’impasse politique et constitutionnelle risque de retarder ou d’affaiblir les réformes structurelles des entreprises d’État coûteuses et endettées.

  • Entre la pandémie et la crise politique, les possibilités de reprise sont limitées

D’après la note d’évaluation de la COFACE, les crises sanitaire et politique, associées à l’agitation sociale, continuent d’affecter l’économie. Bien que le pays ait commencé à se redresser, la convergence vers un niveau de production pré-pandémie sera fortement limitée par la lenteur du déploiement des vaccins, la crise politique en cours et la menace sous-jacente de troubles sociaux.

Ces incertitudes, ainsi qu’un taux de chômage encore élevé (16% prévu en 2022), devraient saper la confiance des consommateurs et peser sur la contribution de la consommation des ménages (75% du PIB), précise la note de la compagnie.

On cite également que le secteur bancaire fragile ne sera pas en mesure de soutenir l’économie réelle en cas de choc défavorable, ce qui constitue un risque supplémentaire pour les perspectives d’investissement.

  • Sans le soutien du FMI, une crise financière n’est pas à exclure

La Tunisie a reçu des aides de l’UE à la mi-2021 (300 millions d’euros) et de la Banque Africaine de Développement (60 millions d’euros) pour la relance économique et l’intégration sociale, affirme la note de la COFACE. Cela a permis de compenser en partie l’amortissement des prêts arrivant à échéance et la pression sur les réserves de change, qui s’élèvent encore à environ 4 mois d’importations.

Cependant, la crise politique actuelle met à rude épreuve les relations avec les principaux bailleurs de fonds étrangers. Le principal d’entre eux est le FMI : sans une nouvelle facilité de crédit élargie, il est peu probable que les besoins de financement à court terme soient couverts, ce qui fait peser une menace sérieuse de restructuration ou de défaut de paiement. Néanmoins, un accord peut être conclu si le gouvernement prend les engagements budgétaires nécessaires.

La compagnie souligne que même s’il est encore élevé, le déficit budgétaire devrait se réduire à mesure que les recettes augmentent (modestement) et que les dépenses d’investissement et courantes diminuent. Bien que la part de la dette en devises étrangères soit élevée (56% en euros), environ 70% de celle-ci est détenue par des créanciers multilatéraux et bilatéraux. En outre, le ratio d’endettement sera vulnérable à la dépréciation de la monnaie.

La dette extérieure (plus de 90% du PIB) devrait rester élevée et la plus grande partie de la dette (80%) continuera d’être une dette publique ou garantie par l’État. Le dinar est resté stable ces dernières années, mais l’incapacité à honorer ses obligations de remboursement pourrait déclencher une fuite des capitaux et une crise monétaire.

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