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Tunisie – Le ministre des Domaines de l’Etat renaît de ses cendres…

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Le ministre des Domaines de l’Etat et des affaires foncières, Ghazi Chaouachi fut connu du grand public dès le début de la pandémie du Covid-19, notamment en dehors de ses prérogatives ordinaires puisqu’il a multiplié, lors des moments forts de la crise des déclarations qui ont créé la polémique.

Empiétant sur les prérogatives de plusieurs de ses collègues, début avril dernier, Ghazi Chaouachi a révélé que le président de la République, Kais Saïed devrait promulguer, la loi portant délégation au chef du gouvernement le pouvoir de publier des décrets-lois tout en rappellent que l’une des priorités du gouvernement pour faire face à la crise sanitaire est de faire preuve de courage et d’audace dans la prise de décisions importantes.

Ce type de déclaration fait partie, normalement, des attributions du porte-parole du gouvernement dont le ministre des Domaines de l’Etat a joué le rôle !

Il a même parlé, à la grande surprise des tunisiens, des décisions urgentes et douloureuses qui sont nécessaires et impératives pour faire face aux répercussions de la crise et ce, évidemment sans aucune explication et dans l’ambiguïté totale.

Le même ministre est monté encore une fois au créneau en déclarant que les hommes d’affaires doivent aider « bénévolement » l’Etat à lutter contre le Covid-19 à, avant qu’ils ne soient obligés de le faire. Suite à une grande pression de son Chef, Ilyes Fakhfekh, Ghazi Chaouachi s’est rétracté et a gardé le silence jusqu’à ces derniers jours pour se lancer dans une nouvelle expérience qui a été largement médiatisée.

Au fait, le ministre a annoncé qu’il envisageait de créer une agence de gestion des biens confisqués et de promulguer un projet de loi de confiscation civile afin de préserver, selon lui, la valeur des biens confisqués et de s’occuper de leur ré-exploitation et cession vu l’absence actuellement, d’un corps spécifique qui se charge de leur gestion.

L’idée annoncée n’est pas cohérente puisqu’il existe déjà plusieurs structures qui gèrent les biens confisqués, mais le problème résiderait dans la situation de ces biens complément délabrés, voire même perdus et leur management soumis à une bureaucratie handicapante, situation qui pourrait s’alourdir avec l’agence que le ministre veut créer.

Cependant, les réflexions de Ghazi Chaouachi ne se sont pas arrêtés à ce stade, il vient aussi de déclarer qu’une loi relative à la confiscation civile sera promulguée et est actuellement en phase de consultation avec les experts.

Aucune précision n’a été fournie, à cet égard, sachant que la législation tunisienne dispose de tout un arsenal juridique en la matière qu’il faut simplement le mettre en œuvre loin des tractations politiques. Une agence de trop verra le jour avec son lot de complications bureaucratiques et de nouvelles charges qui viendront alourdir le budget de l’Etat, ni plus ni moins.

Aussi, rappelons que la Tunisie occupe le 87ème rang sur 141 pays, au classement annuel de compétitivité du Forum économique mondial (WEF) 2019-2020. Ce  classement montre clairement que la Tunisie est parmi les pays qui accusent un grand retard dans le dynamisme des affaires et l’amélioration des institutions pour relancer sa croissance.

Néanmoins et avec des réflexions dominées par la multiplication des pressions sur les chefs d’entreprises, l’alourdissement des processus administratifs et la promulgation de lois entravant l’initiative privée, il est quasiment impossible de sortir de l’auberge.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek