Economie

Tunisie – Le néolithique numérique

Tunisie – Le néolithique numérique

Les files d’attente interminables devant les bureaux de postes et les agences bancaires des démunis pour avoir une aide sociale de 200 dinars (63 Euros) afin de faire face à la crise Covid-19, ont mis à nu une réalité amère, celle d’une Tunisie en retard d’années lumières en matière de gestion des moyens de payement modernes et de services numériques.

Evidemment, on peut considérer que cette situation absurde est concevable puisqu’en Tunisie, 1 million 160 mille familles sont totalement privés de services bancaires. De même,  plus de la moitié des entreprises en Tunisie, soit entre 245.000 et 425.000 entreprises déclarées, n’ont qu’un accès limité au secteur financier structuré voire même pas du tout.

Rappelons qu’en Tunisie, l’ouverture d’un compte qui constitue un droit universel, ne se fait pas systématiquement. Après les investigations d’usage, celle-ci se fait généralement selon la “bancabilité”  de la personne !

L’Ordre des experts comptables de Tunisie (OECT) a dévoilé le mardi 25 février 2020 lors d’une conférence de presse à l’occasion de la tenue de son congrès annuel, autour du thème “La révolution digitale : défis et apport pour l’économie tunisienne ” que malheureusement, on n’est pas encore initié à une mutation numérique.

Selon l’organisation professionnelle, le retard  enregistré en la matière dans le public et le privé coûtait jusqu’à 2 points de croissance par an.

L’institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) n’a cessé, à son tour, d’accorder à la transformation digitale un grand intérêt. Il a indiqué dans un document de travail qu’il a publié en janvier 2017 et intitulé ” La Tunisie en transformation : l’impératif du digital” qu’il n’est un secret pour personne que le pays a déjà raté les deux premières révolutions industrielles et qu’il n’est plus possible de se payer le luxe de rater les troisième et quatrième révolutions numériques et par conséquent rester sur le quais au lieu de monter dans le train.

L’IACE a indiqué que la transformation numérique pourrait aider les entreprises de tous les secteurs à surmonter les fragilités des premières années d’amorçage de leurs activités et à entrer dans une logique de croissance par l’adoption de nouvelles formes de commerce ou de service qui incorporent le numérique.

Les effets de l’arrivée des nouvelles vagues digitales sur les secteurs seront importants, d’après le think tank et conduiront à des transformations majeures dans le paysage économique tunisien : effacement des barrières sectorielles, modification de la nature des prestations, apparition d’une nouvelle gamme de biens et de services, redistribution de la valeur ajoutée entre les acteurs…

Cependant, l’absence de vision stratégique du développement du secteur numérique et les obstacles mis partout, notamment en matière d’adoption des moyens digitaux de payement, en particulier, à l’international sont de nature à vider de tout sens la volonté des entrepreneurs d’adopter des modèles d’affaires innovants et privent de larges franges de tunisiens de bénéficier d’outils fondamentaux de la civilisation humaine.

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