Economie

Tunisie : les banques rejettent la demande du gouvernement de mobilisation de nouveaux crédits à long terme

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Le gouvernement tunisien n’a pas réussi à persuader les banques de différer le paiement d’une tranche d’un prêt interne de 810 millions de dinars en proposant des bons du Trésor à payer à partir de 2028, les banques s’étant abstenues d’accepter l’offre de remplacer la tranche du prêt par des bons du Trésor à échéance à moins de 5 ans.

Aujourd’hui, lundi 9 mai, le gouvernement paiera une partie du prêt interne dû aux banques de 810,6 millions de dinars, qui représente une infime somme d’un total de 6 milliards de dinars de prêts que les autorités doivent rembourser aux banques locales.

Toutefois, les banques se sont abstenues d’investir dans les bons de Trésor offerts par le gouvernement à long terme, se contentant de fournir des prêts internes à court terme, en raison des risques encourus dans cet investissement à faible rendement.

Ceci se justifie largement par un contexte marqué par la crainte des banques d’une nouvelle hausse du taux d’intérêt sur le marché monétaire, actuellement estimé à 6,25 %, en raison du bond de l’inflation à 7,5 % sur une base annuelle, ce qui rend tout investissement en bons du Trésor risqué à cause de la différence de taux, du fait que le rendement des bond d’Etat notamment à court terme ne dépasse pas actuellement (6,75 % par an.

Aussi, il semble clair que les banques préfèrent l’investissement dans des bons du Trésor à court terme à rendement élevé, au détriment des bons du Trésor à long terme par crainte que l’État ne parviendra pas à rembourser ses prêts internes sachant que les établissements locaux de crédit cherchent à faire profit en prêtant à l’État, au moment où le système financier attend la décision de la Banque centrale d’augmenter le taux d’intérêt directeur.

Au fait, les banques sont presque certaines que la Banque centrale augmentera le taux d’intérêt directeur, et pour cette raison, elles reportent l’achat de bons du Trésor à long terme, suggérant qu’elles recommenceront à prêter à l’État à long terme après l’augmentation du taux d’intérêt.

Selon les données de Tunisie Clearing, structure publique dépositaire central des titres et gestionnaire du système de règlement/livraison des titres, le gouvernement tunisien doit, durant le reste de l’année en cours, payer environ 6 milliards de dinars de dettes internes, dont 1,7 milliard de dinars sous forme de bons de trésor à long terme et 4,3 milliards de dinars de bons de trésor à court terme.

Les mêmes données révèlent que 4,1 milliards de dinars de dettes dues pour cette année seront remboursés dans les 60 prochains jours, répartis entre 800 millions de dinars de bons du Trésor à long terme et 3,33 milliards de dinars de bons à court terme.

À l’occasion de la fête du Travail, la cheffe du gouvernement Najla Bouden a déclaré que son gouvernement avait réussi à rembourser les prêts et verser les salaires, tandis que les institutions financières internationales mettent en garde contre la possibilité que la Tunisie fasse défaut sur ses dettes.

En avril dernier, des organismes financiers ont averti que les banques locales détiennent des niveaux record de titres de la dette publique.

Ceci est de nature à augmenter la possibilité d’exacerber les difficultés des équilibres financiers publics en menaçant la stabilité financière des banques et l’érosion de leurs fonds propres, ce qui nécessite une action rapide pour réduire ces risques.

Le Fonds monétaire international avait appelé, dans un récent rapport à restructurer la dette intérieure dans les pays ayant des niveaux de dette insoutenables. Le Fonds a souligné que la dette intérieure est devenue un énorme fardeau, pour plusieurs pays jugés surendettés ce qui fait de la structuration de ces dettes une question cruciale pour résoudre le problème de la soutenabilité de la dette publique.

Des données récentes de la Banque centrale de Tunisie montrent une augmentation du service de la dette de 10%, passant de 2,9 milliards de dinars à fin avril 2021 à 3,2 milliards de dinars à fin avril 2022.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek