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Tunisie-USA : Une excellente nouvelle pour Moussi & Co, pas pour Saied

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Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, vient tout juste de répondre à ceux qui doutaient du fait que la Tunisie est bien dans l’agenda de Washington, à ceux qui espéraient – les partisans du chef de l’Etat, Kais Saied – que les USA laissent enfin tranquille Tunis et à ceux qui s’inquiétaient – les opposants – d’un désintérêt de la Maison Blanche pour la jeune démocratie tunisienne…

Blinken a écrit ceci sur le compte Twitter officiel du gouvernement américain :

«Nous appuyons fortement les aspirations démocratiques du peuple tunisien. Un processus de réforme inclusif et transparent est indispensable pour ramener la confiance des millions de Tunisiens, aussi bien ceux qui n’ont pas pris part au référendum que ceux qui se sont dressés contre la nouvelle Constitution»…

C’est très court mais très édifiant. Premier enseignement : Pas de reconnaissance formelle de ce qui s’est passé en Tunisie le 25 juillet 2022. Le président de la République devra donc convaincre des Américains qui restent dans l’expectative. Et ce sont les actes que posera Saied très prochainement qui détermineront le positionnement des Etats-Unis sur la trajectoire que prend la Tunisie. Le premier rendez-vous sera la loi électorale, dont l’occupant du palais de Carthage a fait une priorité

Le deuxième enseignement est que l’administration de Joe Biden s’arc-boute à “un processus (…) inclusif et transparent”. Cela signifie, en langage moins diplomatique, que la Maison Blanche raye d’un trait tous les gages qu’a donnés Tunis jusqu’ici, jusqu’au Dialogue national version Saied qui a été couronné par la nouvelle Constitution et le référendum sur la Troisième République. Là aussi Saied devra convaincre les Américains et le moins qu’on puisse dire est qu’il a du pain sur la planche…

Enfin il y a cette référence, dans le texte du chef de la diplomatie américaine, aux abstentionnistes et aux opposants du chef de l’Etat. En d’autres termes les USA surveillent de près ce qui se passe sous le ciel tunisien et il n’est pas question de laisser des citoyens sur le bord de la route, quelles que soient leurs opinions et convictions politiques. Là aussi les autorités tunisiennes marchent sur des oeufs, et il n’y a pas que les Américains qui veillent au grain, l’Union européenne aussi

C’est un jalon de plus dans le long bras de fer à distance entre Saied et l’administration américaine. Cela a commencé avec la décision de Biden de ne pas convier la Tunisie au Sommet mondial sur la démocratie, en décembre 2021. Cela a continué avec la décision de bouder ostensiblement Tunis lors des deux voyages de Blinken en Afrique ; la dernière fois, en mars 2022, il était à deux pas d’ici, à Alger. Jusqu’à la décision de Washington de rayer d’un trait la moitié de l’aide militaire. A ajouter aux nombreux communiqués très critiques sur les orientations politiques et constitutionnelles du président tunisien.

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