Le réseau social X, anciennement Twitter, a publiquement refusé une demande des autorités turques visant à bloquer plus de 700 comptes appartenant à des journalistes, étudiants, personnalités politiques et médias d’opposition. Une position ferme prise dans un contexte de tensions politiques croissantes, marqué par l’arrestation controversée du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu.
Dans une déclaration publiée dimanche soir, l’équipe de communication de X a dénoncé les pressions exercées par l’Autorité turque des technologies de l’information et de la communication (BTK), affirmant : « Nous nous opposons aux multiples décisions demandant le blocage de plus de 700 comptes (…) en Turquie. » La plateforme juge ces demandes non seulement contraires au droit, mais aussi dangereuses pour la liberté d’information et de débat politique dans le pays.
Cette résistance numérique intervient alors que la Turquie traverse une crise politique majeure. Depuis l’arrestation, mercredi 26 mars 2025, d’Ekrem Imamoglu, figure majeure de l’opposition et maire d’Istanbul, le pays est secoué par des manifestations inédites depuis plus d’une décennie. Placé en détention pour des accusations de « corruption », Imamoglu a rejeté en bloc les charges, y voyant une manœuvre politique du pouvoir.
Durant les 48 heures qui ont suivi cette arrestation, l’accès aux réseaux sociaux comme X et WhatsApp a été restreint, dans une tentative évidente de contenir la mobilisation numérique et les appels à manifester. Cette coupure temporaire a immédiatement suscité des critiques de la part des défenseurs des droits numériques.
Ce n’est pas la première fois que X est confronté à la censure en Turquie. En 2024, la plateforme avait déjà révélé avoir reçu des menaces d’amende de la part des autorités si elle ne supprimait pas une quarantaine de publications critiquant la gestion gouvernementale d’un accident minier. Mais cette fois-ci, la réponse de X est claire : la plateforme refuse d’obéir.
En pleine préparation des élections municipales de 2025, cette affaire souligne le climat de répression qui pèse sur les voix dissidentes en Turquie. Et face à la volonté des autorités de contrôler le récit médiatique, X semble bien décidé à ne pas plier. Une bataille s’ouvre donc entre le gouvernement d’Erdogan et les plateformes numériques, devenues un dernier refuge pour une opposition muselée dans l’espace public.
Commentaires