Torpiller l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ça c’est fait ; saboter l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne (UE), la Russie s’y emploie en fait depuis son incursion chez le voisin, le 24 février dernier, puisque les deux projets – adhésion à l’OTAN et à l’UE – allaient de pair. Le premier est mort-né, le second est entretenu par les promesses mirobolantes de la France, de l’Italie, de l’Allemagne mais surtout par la Commission européenne (CE), dont la présidente, Ursula Vonder Leyen, s’est rendue à deux reprises à Kiev pour manifester son approbation à l’admission de l’Ukraine. Mais on peut compter sur Poutine pour faire exploser en plein vol le rêve européen du président Volodymyr Zelensky…
Les ennuis de l’Ukraine vont monter crescendo à mesure qu’elle va s’approcher de l’UE. D’ailleurs Zelensky ne se fait aucune illusion sur les tourments qui le guettent : il faut s’attendre «à ce que la Russie intensifie ses attaques cette semaine», a-t-il averti hier dimanche 19 juin dans la soirée. Et effet les 27 Etats-membres de l’UE s’apprêtent à dire leur mot sur le dossier de candidature que Kiev a posé sur la table, le premier jalon d’une longue série de discussions lesquelles au meilleur des cas aboutiront dans 15-20 ans. Ce lundi «s’ouvre une semaine vraiment historique», a déclaré un Zelensky très enthousiaste hier soir. «Nous aurons la réponse de l’Union européenne sur le statut de candidat de l’Ukraine (…) Depuis 1991, il y a eu peu de décisions aussi fatidiques pour l’Ukraine que celle que nous attendons aujourd’hui (…). Seule une réponse positive est dans l’intérêt de toute l’Europe», a-t-il ajouté…
C’est cet enthousiasme que Poutine fera tout pour éteindre…
Une erreur historique de plus, de trop ?
Rappelons que ce sont des velléités de Kiev pour intégrer l’OTAN qui lui ont valu tous ses ennuis. Et le rêve européen risque de les accentuer, car le maître du Kremlin n’est pas dupe : Derrière l’adhésion à l’UE arrivera forcément, un jour, l’adhésion à l’OTAN. La preuve : l’écrasante majorité des pays de l’Union font partie de l’OTAN. C’est à se demander si les Ukrainiens retiennent les leçons de leur histoire récente. C’est aussi à se demander si les Européens, dans un cynisme absolu, n’agitent pas le rêve ukrainien sous le nez ukrainien de Zelensky pour accélérer sa perte et en finir définitivement avec une candidature à problèmes dont ils ne veulent pas au fond mais qu’ils ne peuvent pas refuser publiquement par décence et par crainte des réactions de leurs opinions publiques…
L’intensification des frappes dans le Donbass, notamment à Lyssytchansk et à Sievierodonetsk, a pour unique but d’accélérer le morcellement et la partition de l’Ukraine. C’est une séparation de fait que va imposer Moscou et il ne lâchera pas sur ça pour se consoler de n’avoir pas pu avaler la capitale, Kiev et tout le pays. Et est-ce qu’une demi-Ukraine, une Ukraine occupée même en partie ça a un sens au sein de l’UE ? Evidemment non. Ce que les Occidentaux auraient dû faire avant tout projet européen c’est aider massivement l’Ukraine à gagner la guerre, c’est prendre des risques physiques pour elle comme les Américains se disent prêts à le faire pour Taiwan…
Ce n’est pas avec 6 canons Caesar de plus livrés par la France à ajouter aux 12 autres que l’Ukraine va gagner une guerre qui pourrait s’étaler sur “des années” d’après le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Et qui signifie concrètement cette funeste prédiction ? A part les souffrances pour les populations ukrainiennes et pour la planète entière il y a cette impossibilité pratique d’adhérer à l’UE, puisque d’après ses statuts aucun pays ne peut être admis s’il est dans une situation de guerre, sans parler des autres conditions sécuritaires que Kiev est très loin de remplir avec Poutine à sa porte et avec le risque permanent que d’autres parties du territoire soient arrachées à défaut d’envahir la totalité…
Les Européens n’ignorent rien de tout ça mais le planquent sous le tapis pour entretenir des illusions qui ne font qu’aggraver les problèmes des Ukrainiens. Zelensky pense que son statut de candidat officiel à l’UE suffira à faire pleuvoir les aides militaires pour gagner la guerre, mais si les Européens voulaient vraiment aider Kiev à repousser les Russes ils le feraient maintenant, sans tarder, car rien techniquement ne les en empêche. C’est la peur de s’attirer les foudres du Kremlin qui les freine, et ça la candidature à l’UE n’y changera rien…
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