Selon une enquête diffusée vendredi par la chaîne américaine NBC News, l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, aurait travaillé sur un plan controversé visant à transférer jusqu’à un million de Palestiniens de Gaza vers la Libye, dans le cadre d’un projet plus large de réorganisation régionale sous prétexte humanitaire.
La chaîne cite cinq sources proches du dossier, dont un ancien responsable américain, pour confirmer que ce projet a fait l’objet de discussions internes au sein de l’administration Trump, et aurait même été évoqué avec des représentants de la direction libyenne.
Une idée déjà esquissée par Jared Kushner
Ce n’est pas la première fois qu’une telle idée est attribuée à Donald Trump ou à son entourage. Début février, lors d’une réunion à la Maison Blanche avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, Trump avait proposé de relocaliser les habitants de Gaza en Égypte ou en Jordanie, évoquant des raisons humanitaires et une vision d’« une reconstruction de Gaza comme station balnéaire internationale sous supervision américaine ».
Ce plan fait écho à une proposition formulée en 2023 par son gendre et ancien conseiller, Jared Kushner, visant à démilitariser Gaza et à y substituer une zone d’investissement touristique contrôlée par Washington.
Une stratégie assortie de pressions financières
Toujours selon NBC News, le projet de déplacement massif vers la Libye comprenait une contrepartie financière : la levée du gel de plusieurs milliards de dollars de fonds libyens bloqués par les États-Unis depuis plus de dix ans. L’administration Trump aurait ainsi cherché à monnayer l’accueil des réfugiés palestiniens par Tripoli.
Des tentatives similaires auraient été menées avec l’Égypte et la Jordanie, deux pays clés dans le dossier palestinien, avec lesquels Trump aurait tenté d’obtenir un accord par la pression diplomatique et financière, allant jusqu’à menacer de suspendre l’aide américaine, qui se chiffre à plusieurs milliards de dollars chaque année.
Un projet largement rejeté par les pays arabes
Malgré les pressions, le projet n’a pas trouvé d’écho favorable ni au Caire, ni à Amman. La fermeté de ces deux capitales a été confirmée par la déclaration du Sommet arabe tenu à la mi-mars à La Caire, où le refus collectif du monde arabe face à toute tentative de déplacement forcé de Palestiniens a été réaffirmé.
De nombreux analystes estiment que cette initiative s’est heurtée à un “mur arabe” et qu’elle est vouée à l’échec tant du point de vue politique qu’éthique. Les obstacles sont multiples : rejet unanime dans le monde arabe, instabilité persistante en Libye, refus de normaliser une situation de nettoyage ethnique, et surtout violation flagrante du droit international.
Ainsi, alors que le conflit à Gaza continue d’alimenter les tensions régionales et internationales, les révélations de NBC News jettent une lumière crue sur les projets non officiels de l’administration Trump et sur la tentation d’ingénierie géopolitique par le déplacement massif de populations.
Un scénario qui, jusqu’à présent, reste bloqué par la résistance des pays arabes, soucieux de préserver la cause palestinienne face aux tentatives de contournement diplomatique.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!
Commentaires