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Un rapport du Parlement français évoque la Tunisie : Tout va mal sauf la sécurité

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La conjoncture politique, économique et sociale de la Tunisie a été évoquée le 17 février 2022 en France, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. C’était lors de la présentation du rapport d’information de la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées, un document intitulé “Les Enjeux de Défense en Méditerrannée“. Les députés des grandes démocraties, on le sait, n’y vont pas par quatre chemins dans les travaux de commission. Toutes les vérités sont mises sur la table pour donner à l’exécutif un éclairage afin de prendre les bonnes directions. Ce fut le cas pour la Tunisie. Voilà comment ce rapport voit les choses :

La Tunisie face au risque de décomposition politique

Dix ans après le soulèvement du peuple tunisien ayant conduit, en 2011, à la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, à la tête du pays depuis 1987, la situation politique demeure cependant très précaire. Dans un contexte de paralysie des  institutions politiques, le président Kaïs Saïed a décidé, en juillet 2021, d’invoquer  l’état d’exception, de suspendre l’Assemblée des Représentants du peuple et de limoger le chef du gouvernement. Ce coup de force institutionnel a provoqué une crise politique majeure avec le parti islamiste Ennahdha, première force politique du pays. L’arrestation en janvier 2021 d’un des leaders du parti islamiste pour «soupçons de terrorisme» fait craindre une radicalisation du conflit politique.

Cette paralysie politique se double d’une crise financière, qui se caractérise par l’incapacité des autorités tunisiennes à finaliser son budget 2022 sans un soutien du Fonds monétaire international (FMI). Cette crise financière intervient dans un contexte de forte crise économique, près de 20% de la population se trouvant au chômage, ce taux dépassant 40% parmi les jeunes de 15 à 24 ans. Les tensions sociales sont également vives, comme en témoignent les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs villes du pays en janvier 2018 et janvier 2021.

Sur le plan sécuritaire, la menace terroriste s’est très fortement réduite depuis  2016 : 16 personnes ont été victimes du terrorisme djihadiste en Tunisie depuis  2016, contre 214 entre 2011 et 2016. La Tunisie est toutefois encore confrontée à la présence sporadique de groupes terroristes dans le sud du pays et dans le Djebel, tel que le groupe algéro-tunisien Jund al-Khilafah, affilié à l’état islamique, ou la katiba  Okba Ibn Nafi, affilié à AQMI. Selon le comité contre  le terrorisme de l’ONU, la Tunisie est en outre le premier pourvoyeur de combattants djihadistes, en proportion de sa population, sur les théâtres irakien, libyen et syrien, avec quelque 6 000 combattants  recensés.

Dans ce contexte de crise  politique et économique, plusieurs personnes auditionnées ont alerté les rapporteurs sur le risque d’une déstabilisation majeure du pays et, par conséquent, de son environnement régional.

 

 

 

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