Dans une prise de position diplomatique ferme, les États-Unis ont appelé jeudi le Rwanda à retirer immédiatement ses troupes déployées dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et à cesser tout soutien au groupe rebelle M23, jugé responsable de graves exactions dans la région.
Cette demande explicite a été formulée lors d’une conférence de presse conjointe par Massad Boulos, conseiller principal pour les affaires africaines, et Korina Sanders, sous-secrétaire adjointe au Bureau des affaires africaines du département d’État américain.
« La présence militaire rwandaise sur le territoire congolais ne contribue en rien à l’amélioration de la situation. Elle doit cesser », a déclaré Korina Sanders, ajoutant que le M23 ne serait pas devenu une force aussi redoutable sans appui extérieur, désignant implicitement le Rwanda comme principal soutien logistique et militaire.
Une condamnation rare et directe de la part de Washington
Cette déclaration publique figure parmi les critiques les plus franches adressées par Washington au régime de Paul Kagame depuis plusieurs années, traduisant un raideissement notable de la position américaine vis-à-vis de Kigali dans le dossier congolais. Elle fait également écho à plusieurs rapports onusiens, publiés au cours des derniers mois, qui accusaient le Rwanda d’armer et de conseiller militairement les éléments du M23.
Le M23 — un mouvement rebelle majoritairement tutsi — est actif dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Il est accusé par les Nations unies et les ONG internationales d’avoir commis de nombreuses violations des droits humains, allant de massacres de civils à des déplacements forcés de populations. Ces violences ont entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes depuis 2022.
Vers un isolement diplomatique croissant du Rwanda ?
Les responsables américains ont toutefois reconnu que les deux camps, à savoir le M23 et les Forces armées congolaises (FARDC), ont été impliqués dans des abus. Cependant, ils soulignent que l’ampleur et la systématicité des exactions du M23 exigent une réponse internationale urgente, tant sur le plan politique que judiciaire.
Massad Boulos a également insisté sur la nécessité d’un retour aux processus de paix engagés à Luanda et Nairobi, appelant l’ensemble des parties à respecter l’intégrité territoriale de la RDC.
Cette pression américaine reflète un agacement croissant de la communauté internationale face à l’impasse diplomatique persistante dans la région des Grands Lacs, où des millions de civils continuent de subir les conséquences d’un conflit multiforme, malgré de multiples tentatives de cessez-le-feu et de médiation régionale.
Ainsi, par cette déclaration, Washington envoie un message fort à Kigali, alors que les tensions régionales menacent la stabilité de toute l’Afrique centrale.
Si le Rwanda persiste dans sa stratégie actuelle, il pourrait faire face à un isolement accru sur la scène diplomatique et à d’éventuelles sanctions internationales, à l’image de ce que réclament déjà certaines ONG et diplomates européens.
Le sort de l’est de la RDC, lui, reste plus incertain que jamais.
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