Face à un monde en recomposition, les États-Unis réorientent leur politique africaine.
Loin de la philanthropie traditionnelle, la Maison-Blanche affiche désormais une volonté assumée de réduire les aides publiques tout en renforçant les liens économiques avec le continent. Une inflexion qui suscite interrogations et réactions sur les deux rives de l’Atlantique.
L’administration Trump opère un virage budgétaire
Le 2 mai 2025, la présentation du budget fédéral américain pour 2026 par l’administration Trump a marqué une rupture nette avec les pratiques antérieures. Les coupes annoncées touchent de plein fouet les programmes d’aide au développement, en particulier ceux gérés par l’USAID, le MCC et l’USADF.
La suppression de la contribution au Fonds africain de développement, soit 555 millions de dollars, illustre ce désengagement progressif. Washington entend ainsi recentrer ses financements sur ses intérêts stratégiques, dénonçant le « dévoiement » des fonds vers des priorités jugées idéologiques, telles que le climat ou les droits des minorités.
Des conséquences concrètes
Ce retrait financier ne se limite pas à des lignes comptables. Sur le terrain, la réduction de 3,2 milliards de dollars des aides humanitaires, la suspension de financements pour la santé, l’éducation ou l’agriculture, ainsi que la fin du programme « Food for Peace », affectent de nombreux projets essentiels.
Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, comme le Kenya, le Nigeria ou l’Ouganda, voient des programmes de lutte contre le VIH, le paludisme ou la malnutrition ralentis, voire interrompus. Les agences internationales, telles que l’OMS ou l’UNESCO, anticipent déjà une baisse significative de leurs moyens d’action sur le continent.
Repositionnement diplomatique et commercial
Si la réduction des aides suscite de vives inquiétudes, la Maison-Blanche ne cache pas sa volonté de renforcer les échanges commerciaux. L’« America First Opportunity Fund » incarne cette nouvelle approche : investir là où les intérêts américains sont en jeu, notamment pour contrer l’influence grandissante de la Chine.
Cette stratégie s’accompagne d’un plaidoyer pour des échanges plus équilibrés, comme en témoigne la défense de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui facilite l’accès des produits africains au marché américain sans droits de douane. Washington cherche ainsi à transformer la nature de sa relation avec l’Afrique, misant sur le commerce plutôt que sur l’assistance.
Ce changement de cap américain impose aux partenaires africains une adaptation rapide. Si certains y voient l’opportunité de bâtir des relations plus équilibrées et axées sur le partenariat économique, d’autres redoutent une aggravation des vulnérabilités sociales et sanitaires. La nouvelle ère qui s’ouvre entre Washington et l’Afrique sera scrutée de près, tant par ses enjeux économiques que par ses implications humaines.
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