Que peuvent faire les fabricants occidentaux pour stopper l’ascension fulgurante des automobiles chinois, au rapport qualité prix imbattable ? Rien à ce stade, Européens et Américains comptent les points de la Chine et les dégâts sur les marchés occidentaux. Le président américain a tenté de stopper Pékin en l’assommant de droits de douane, in fine il a flanché et a négocié. Les Chinois affichent plus de 150 constructeurs automobiles dont certains se sont solidement positionnés sur le marché mondial. Ils malmènent les marques européennes, pourtant très anciennes et à l’expertise indéniable. D’autres mauvaises nouvelles pointent à l’horizon pour les Européens.
Beaucoup de labels chinois sont inconnus en dehors du pays et doivent faire leurs preuves pour s’imposer à l’international, pas BYD (Build Your Dreams). Ce dernier a fait le pari du véhicule électrique, un pari gagnant, au point que le chinois a dévoré – en termes de chiffre d’affaires – le géant américain Tesla. BYD a débarqué en Europe à l’été 2023 et a rapidement gagné en notoriété. Le chinois commercialise une large gamme de modèles en Europe mais il veut encore plus : Se fondre dans le paysage local, devenir européen pour bousculer encore plus la concurrence.
Cette stratégie passe par la construction de nouvelles usines en Europe, pour suivre le rythme du marché et se soustraire aux barrières douanières, mais BYD a encore mieux pour s’offrir un avantage décisif : Un siège social au sein de l’Union européenne (UE). Le constructeur chinois a jeté son dévolu sur la Hongrie, une information officialisée par l’entreprise et qui a été reprise par le site spécialisé CNEVPost.
A noter que le fabricant opère à Komárom (…) depuis 2017, avec une unité de production de bus électriques, il est question d’élargir le périmètre. Le futur siège européen verra le jour dans la capitale, Budapest, dans le 11e arrondissement. Pour séduire encore plus les autorités et la population locales, BYD envisage également d’installer un centre de recherche et développement. Ce complexe devrait générer 2000 emplois qualifiés. Une aubaine pour l’économie locale.
Si la Hongrie a été choisie c’est aussi parce qu’elle est très réceptive aux investissements chinois. D’autres pays européens, par exemple la France, ne peuvent pas en dire autant. Par ailleurs le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, est un fervent soutien de la Russie, qui elle-même est une alliée majeure de la Chine. Donc tout cela crée naturellement des passerelles entre Pékin et Budapest.
BYD voit grand en Hongrie, à part le futur siège social le chinois aménage actuellement 2 autres sites. À Szeged il installe une unité de production de voitures électriques, à Fót un autre site assemblera des batteries. Clairement le constructeur investit pour croître en Europe dans les prochaines années et participer à l’essor de la recherche dans la mobilité électrique. Dans ce sens BYD collaborera avec plusieurs universités locales…
Le chinois ambitionne de faire éclore de jeunes talents et de creuser dans les technologies de conduite intelligente pour ses prochains modèles. Donc ce site ira bien au-delà d’une vocation administrative, il sera un vrai levier pour le développement technologique du groupe. Par ailleurs il y a les aspects géopolitiques de ce méga projet. L’UE, courroucée par la politique de subvention de Pékin et la concurrence déloyale qu’elle engendre, projette de frapper les voitures électriques chinoises avec des surtaxes.
Pour le moment la guerre se fait contre les USA et la Chine tente de jouer la solidarité avec les Européens, mais ces derniers n’ont pas oublié les coups tordus de Pékin. Ce dernier aura besoin de la Hongrie pour essayer de retenir les frappes de l’UE. En retour Viktor Orban bénéficiera du savoir-faire chinois et des transferts de technologie pour devenir à terme un acteur dans l’industrie automobile électrique.
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