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Côte d’Ivoire : Les privilèges des responsables choquent, entre voyages et soins à prix préférentiels en France

Côte d’Ivoire : Les privilèges des responsables choquent, entre voyages et soins à prix préférentiels en France

C’est très mauvais pour les affaires du président Alassane Ouattara, qui rêve d’un quatrième mandat, à 83 ans. Une affaire de privilèges indus pour des élus et responsables ivoiriens agite l’opinion publique. Plusieurs institutions du pays tels que le Sénat ont signé une convention avec la compagnie aérienne française Corsair. Le document permet entre autres aux élus et à leurs proches de profiter de tarifs préférentiels dans un hôpital à Paris…

La chose existe partout en Afrique, c’est même une des tares qui expliquent que le continent végète dans un sous-développement et une pauvreté endémiques en dépit de ses richesses naturelles. Mais là ce qui choque encore plus c’est que c’est la cheffe de file des bénéficiaires qui l’a ébruité, comme si elle parlait d’une convention lambda pour les intérêts de la collectivité. En l’occurrence le scandale est parti de la présidente du Sénat, Kandia Camara.

Ce texte qu’elle a paraphé jeudi dernier permet «la réduction des coûts des billets d’avion sur les lignes de Corsair tant pour les voyages professionnels que privés (…). En plus de permettre aux officiels ivoiriens et à leurs familles de voyager à moindre coût, nous nous félicitons également de ce partenariat qui leur offre l’opportunité de bénéficier des prestations de l’hôpital américain de Paris à des conditions préférentielles», avait clamé la dame. Mal lui a pris…

L’opposition ivoirienne et les internautes sont furieux. A noter que l’offre de Corsair, qui fait quotidiennement un aller-retour Abidjan-Paris, est en place depuis 2019 et s’adresse à toute sa clientèle ivoirienne. Il propose un billet d’avion et un bilan de santé en partenariat avec l’hôpital américain de Paris. Sauf que là la communication de la présidente du Sénat laisse penser que les parlementaires, sénateurs et membres de 3 autres institutions ont des passe-droits liés à leurs statuts.

Par ailleurs il reste à déterminer si ces élus et responsables payent ces frais réduits de leurs poches ou si c’est l’Etat qui les prend en charge. «Le mandat d’élu de la nation ne doit pas être un moyen d’enrichissement ni d’obtention de privilèges démesurés et choquants au détriment du peuple», a dénoncé le groupe parlementaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal parti d’opposition du pays et dont le leader, Tidjane Thiam, a été évincé de la présidentielle de 2025 suite à une sombre affaire de nationalité.

Le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), parti de l’opposant Charles Blé Goudé, a également «condamné fermement» une «démarche élitiste et déconnectée des réalités du peuple ivoirien».

Le feu a pris sur les réseaux sociaux, des internautes fustigent «le mépris pour le peuple ivoirien» ou encore «l’arrogance des élites». Les citoyens s’interrogent sur la politique vantée par le gouvernement ivoirien, notamment les avancées en matières d’infrastructures de santé avec 8 centres hospitaliers régionaux et 11 hôpitaux généraux bâtis depuis 2011, plus un centre d’oncologie et de radiothérapie.

On peut aussi citer l’activation de la Couverture maladie universelle (CMU), qui garantit un accès généralisé aux soins avec des tarifs réduits. Mais il y a aussi l’envers du décor : des frais additionnels pour être pris en charge dans les services hospitaliers publics. Le Conseil national des droits humains (CNDH) pointait dans son rapport annuel publié fin 2023 une pléthore de dysfonctionnements du système de santé ivoirien. Le manque de médecins est le principal écueil…

De là à dire que les décideurs politiques se rabattent sur la France à cause de ces ratés c’est un pas que nous ne franchirons pas. De toute évidence en Afrique il y a de vieux réflexes qui s’ancrent : c’est le contribuable qui doit nécessairement entretenir le train de vie fastueux des responsables, avec les devises du pays s’il le faut. Ce scandale en Côte d’Ivoire est transposable partout sur le continent, dans les pays anglophones et francophones. Ce n’est pas spécifiquement une maladie africaine mais c’est ici que le mal est le plus criant.

On veut bien croire que la première économie de la zone France CFA roule sur l’or et a les moyens de financer les privilèges de ses enfants, mais  tout de même. Si on multiplie ces dépenses à toutes les institutions du pays ça monte très haut. Cet argent aurait pu solutionner beaucoup de problèmes…

 

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