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Révolution tunisienne, la Tunisie à l’aube de la nouvelle “Ripoublique”

Révolution tunisienne, la Tunisie à l’aube de la nouvelle “Ripoublique”

17 décembre 2010, un type sans histoire s’immole par le feu suite à un différend avec une femme agent de police. Des chaines de télévision et autres médias aux desseins obscurantistes s’emparent de l’évènement, le déforment, l’instrumentalisent et partent en guerre contre le régime de Ben Ali et ses semblables.

La suite des faits est désormais connue : guerres civiles, émiettement des territoires nationaux, terrorisme et défaillance des Etats. Foyer des évènements, épargnée des guerres qui ravagent de nombreux pays du printemps arabe, fleuron des révolutions arabes et l’exemple à suivre, la Tunisie quant à elle y vit la naissance de la nouvelle “Ripoublique”.

Détournement dans les entreprises publiques, pots-de-vin, dons dérobés, abus de biens sociaux, dédommagement des victimes présumés de l’ancien régime, dilapidation des deniers publics, emplois fictifs dans le secteur public, recrutement de milliers de bras cassés dans les le secteur public et les sociétés de « jardinage », importation de déchets toxiques, largesses budgétaires au profit d’instances dites « constitutionnelles » véritables planques dorées pour pseudos droit-de-l’hommistes à la solde du régime du 14 janvier 2011 et trafic en tous genre continuent à défrayer la chronique de la sinistre “Ripoublique”.

Les pillards, les concussionnaires, les combinards, les sournois, les gangsters déguisés en syndicalistes, les voyous au col blanc, les margoulins infiltrant les partis politiques, les contrebandiers siégeant au Bardo par la supercherie dite suffrage universel et d’une loi électorale permettant à des repris de justice de devenir députés par l’achat de voix, ensemble ont pris en otage les entreprises publiques et les institutions pour liquider l’Etat et le partager à la découpe.

La “Ripoublique”, des racines et des ailes

Entamée sous Ben Ali, la corruption était gérée exclusivement par sa femme et ses gendres mais elle a pris sa vitesse de croisière après la chute de son régime, véritable enfant de chœur à comparer avec le système mafieux actuel. En kleptocratie post 14 janvier 2011 la corruption s’est démocratisée et elle est désormais dans tous les étages de la de l’Etat et la société. Le monopole des Trabelsi et de leurs acolytes est devenu obsolète et dépassé par les nouvelles hordes de voyous qui rivalisent d’ingéniosité en la matière.

La jacquerie du 14 janvier 2011 a signé le véritable acte de naissance de la “Ripoublique”. Telles des nuées de criquets affamés, l’Armada de voyous s’est déchainée sur le pays et dévaste tous au passage aux dires du président Kais S.

Des tartuffes truands aidés par la racaille recyclée de l’ancien régime et par une gauche en débandade siphonnent intelligemment les voix des électeurs pigeons par des campagnes électorales truquées, et surtout bien financées par l’argent sale, basées sur les promesses d’un Etat-providence égalitaire prôné par certains gauchistes et gouverné par la Charia, et à défaut de l’appliquer, par la piété, pour les tartufes truands.

Ensemble, ils jouissent de toutes sortes de privilèges au sein de l’Etat et constituent désormais une vraie caste de prédateurs insatiables.

En fins manipulateurs et négociateurs, les tartuffes truands intronisés suite au printemps arabe expliqué aux nuls par madame Clinton, trouvent une aide providentielle de la part d’autres voyous voraces et avides d’argent et de pouvoir se présentant comme alternative progressiste et patriote face à la mouvance passéiste et rétrograde au pouvoir ainsi que ses béni-oui-oui de gauche comme de droite.

Ainsi, forts de leur victoire aux élections de 2014, les vainqueurs, issus de différents courants politiques et de l’ancien régime entre autres, et après une débandade rapide, ont donné naissance à l’étrange consensus « tawafok » qui prit forme et continua de plus belle les ravages commencés par leurs prédécesseurs creusant la dette abyssale de l’Etat et profitant au passage des quelques miettes laissées ici et là.

La gestion désastreuse de l’Etat est un terreau fertile de la corruption qui trouve de plus en plus des conditions propices à son déploiement dans la décadence de la morale publique qui n’a plus qu’un seul et unique credo, à savoir le culte absolu de l’argent en se servant d’un système politique pourri qui ne voit en l’Etat qu’un butin à partager en proscrivant la méritocratie et en bloquant l’ascenseur social, privant ainsi l’ex-classe moyenne et les enfants du peuple de gravir l’échelle de la promotion sociale et les jetant en pâture à la criminalité et au désespoir.

La nouvelle « culture » favorisant despotisme partisan exacerbe la convoitise de ceux qui, par la corruption veulent accumuler à tout prix un maximum de profit en siphonnant les deniers d’un Etat politiquement castré et faire leur entrée dans les partis politiques pour se frayer un chemin vers le gouvernement, le palais des députés, ou même le palais de Carthage et commencer une carrière politico-mafieuse radieuse.

Structure et réseaux de la Kleptocratie

Les clans politico-mafieux densifient leurs réseaux et les rendent plus efficaces en y recrutant des agents occupant des postes stratégiques dans les institutions de l’Etat et les services publics. Ces clans font nommer des agents dans les secteurs à contrôler.

Dans la soif du monopole des affaires publiques, on ne nomme pas forcément les agents à des postes de responsabilité suivant les critères de compétence, d’intégrité ou de conscience professionnelle. Ce qu’on exige des agents, c’est qu’ils soient fidèles et soumis au système politico-mafieux.

Le système politico-mafieux use et abuse de son pouvoir despotique pour nommer ses acolytes à des postes de responsabilité dans l’appareil politique et administratif de l’Etat. Les promotions professionnelles perdent alors leur sens et pénalisent, en récompensant les agents voyous, les agents intègres.

Ces promotions frappent de plein fouet la méritocratie et participent à la démarche du système politico-mafieux d’inféoder les appareils politique et économique de l’Etat par des agents sous son contrôle direct.

La promotion et la nomination de ces compères sont donc, la cooptation entre clans mafieux de ceux qui sont en mesure de faire allégeance au système politico-mafieux et participer à sa prospérité. Les agents à la solde des clans politico-mafieux agissent en parfaite synchronisation à travers les réseaux organisés infestant tous les rouages de l’Etat.

Les agents publics, les douaniers, les forces de l’ordre ainsi que certains membres du corps judiciaire et législatif sont la cible de choix des clans mafieux qui les recrutent, pour leur protection en leur faisant miroiter des récompenses proportionnelles à leur rang et grades ou bien en les menaçant de sanctions administratives, blocage de carrière ou même d’emprisonnement.

Le système mafieux né de la jacquerie de 2011, comporte des réseaux tentaculaires. La gestion de ces réseaux, comme du système qui les comporte, est favorisée par de solides appuis politiques, syndicalistes, régionalistes, tribaux, économiques et d’autres formes de complicité.

La corruption est devenue un mode de vie cruel d’une minorité conquérante de politicards, de tartuffes truands, de syndicats du crime économique et de simples margoulins qui mènent des razzias sur le pouvoir et les richesses de l’Etat.

En “Ripoublique” post 14 janvier 2011, la corruption domine désormais la gestion des institutions de l’Etat et affecte tous ses rouages. L’Etat apparaît comme un système mafieux. Il y règne l’argent sale, les malversations, le rançonnage, la concussion et la spoliation.

Comble du ridicule : des campagnes contre la corruption sont menés par des corrompus contre d’autres et ressemblent beaucoup plus à de la concussion de corrompus et un règlement de comptes plus qu’à une lutte contre la corruption.

Le régime de la “Ripoublique” post 14 janvier 2011 noyauté par les mafias en tout genre, légitime le développement de toutes sortes de délinquance et de criminalité. Un tel régime est complice de sa propre ruine et son anéantissement mais les séquelles de son règne sont là et certains seraient irréversibles.

Le système kleptocratique a gangréné le pouvoir d’un Etat déliquescent et domine désormais certains secteurs de l’économie à l’instar du commerce extérieur devenu un écran parfait derrière lequel les “Capo” en col blanc qui ont déjà leurs habitudes dans les paradis fiscaux et investissent dans le blanchiment d’argent, la contrebande et autres flux financiers illicites vers l’étranger, des flux qui atteignent les 2.2 milliards de dollars US soit 4.7% du PIB de la Tunisie selon des ONG.

Le miracle de la “Ripoublique”

En “Ripoublique”, la corruption fait des miracles: de grosses fortunes et de nouveaux riches apparaissent miraculeusement, un contrebandier notoire décore des douaniers, un politicard qui n’arrivait pas à joindre les deux bouts en 2012 possède un château à Gammarth supérieur (banlieue très chic à Tunis) quelques années après, des sans-emploi qui roulent en 4×4, le chef du gouvernement démissionne pour conflit d’intérêts, ceux qui sont chargés de lutte contre la corruption soupçonnés du mal sensés le combattre, etc…

Le miracle de la “Ripoublique” dépasse toute imagination et transforme comme par alchimie les vils métaux en or, les bras cassés en compétences, des rats d’égout en notables, les contrebandiers en hommes d’Etat, les tartuffes truands en saints, les camarades gauchistes adeptes du petit père des peuples en affairistes, enfin la racaille en élite.

En “Ripoublique”, le correct devient incorrect, le juste injuste et vice versa. De même, les ratés qui n’avaient pas réussi avant 2011 à trouver le respect et la réussite normale dans la société se procurent, par la corruption, la notabilité et l’honorabilité qui leur faisaient défaut. On les appelle désormais “Excellence”, ou même “Sidi”.

Les valeurs sociales classiques laissent la place au nouveau credo kleptocratique : amasser par la corruption richesse et pouvoir. Grâce à la corruption, le ripoux bénéficie la protection et du soutien de sa région, son clan, sa tribu, son parti ou sa secte.

Dans ces communautés, on considère ceux qui ont fait de grosses fortunes par le vol, la malversation et le détournement des biens de l’Etat comme des modèles de réussite sociale et politique qui font honneur à leur parti politique, secte ou clan.

S’étant assuré de l’appui de leur clan, parti politique ou secte qui leur avait cédé le droit de piller les richesses nationales, les voyous vendent désormais à l’Etat ce qui est au peuple, phosphates, pétrole et probablement demain l’eau, distribuent quelques miettes à leurs acolytes, placent leur butin dans des paradis fiscaux et défient le peuple avec une arrogance jupitérienne.

Ce sont les références qui assurent à la secte, au parti ou au clan ses lettres de noblesse politique. Le rêve de certains partis politiques, secte ou clan est de voir se multiplier en son sein ce genre de prédateurs dont la gloire est définie par le nombre de crimes économiques commis.

La “Ripoublique” sous perfusion financière internationale

Très bon élève des bailleurs de fonds internationaux, le régime de la “Ripoublique” aime l’argent facile charrié par des crédits à tour de bras que la population se saignera aux quatre veines pour les payer sur plusieurs générations. Des crédits qui servent à payer les salaires d’une pléthore de bras cassés embauchés dans le secteur public par les partis, les sectes et les corporations au pouvoir selon un système de quota strict.

Le régime voyou de la “Ripoublique” profite des largesses des bailleurs de fonds internationaux mais aussi des usuriers et assure le déploiement du système rentier. Les lobbies financiers internationaux maintiennent en vie le régime kleptocrate de la “Ripoublique” tant qu’il fait payer l’Etat pour ses propres forfaits.

Le régime croit qu’il a un chèque en blanc en contractant des dettes toxiques, hypothéquant l’avenir de plusieurs générations.
Conscient du fait que l’ingérence et la manipulation politique étrangère est susceptible de déstabiliser son pouvoir, le régime voyou de la “Ripoublique”” prévient cela en cherchant des alliés ou de solides appuis dans le système rentier national.

Le régime cède au système rentier local faveurs et impunité. Le régime conçoit ces appuis ou ces alliances politiques comme des polices d’assurance contre d’éventuels sinistres politiques préjudiciables à son pouvoir. Par rapport à la population, le régime se permet tout avec une arrogance absolue tant qu’il a le soutien et la bénédiction des lobbies internationaux et nationaux.

La “Ripoublique” maquillée

Afin de se maintenir au pouvoir par la ruse, le truquage des élections ou l’intimidation des opposants et de la population, le régime kleptocrate recours aux services de journalistes ripoux pour étouffer les affaires, attaquer les opposants et corrompre les consciences par le matraquage médiatique sur les plateaux des télévisions publiques et privées et les réseaux sociaux afin de maquiller la racaille politique qui les paye.

Ainsi, les véritables ordures politiques, épine dorsale du régime kleptocrate, sont présentées comme les libérateurs du peuple de la tyrannie du régime déchu de Ben Ali, les responsables de la débâcle comme hommes d’Etat, les tartufes truands comme des saints, les extrémistes comme modérés, les sournois comme conciliateurs … etc.

Périodiquement et à chaque crise, les journalistes à la solde de la kleptocratie recourent à des tours de magie et inventent des affaires montées de toutes pièces relayées par certains médias, allant des profanations présumées de lieux de cultes, aux galeries d’art exposant des tableaux blasphématoires, passant par des complots étrangers imaginaires visant la démocratie naissante de la nouvelle “Ripoublique”.

Complotiste dans l’âme, la propagande du régime désigne la menace imaginaire. Une menace désormais galvaudée qui désigne soit les complots internes ou externes qui ciblent la nouvelle démocratie naissante de la “Ripoublique”, ou bien des idées, des propos ou même des tableaux qui remettent en cause les fondements de la foi fait-on mine de croire.

Des fanfaronnades auxquelles la propagande du régime, à court d’imagination et prise la main dans le sac, est obligée d’attiser passions pseudo-religieuses, voire vulgarité et hostilité, dans l’espoir de détourner l’attention des méfaits du régime et masquer sa faillite.

Epilogue

Dix ans après, la descente aux enfers ne fait que commencer et le retour de bâton sera dur. Les ripoux sont légions. Aux bataillions de pauvres s’ajouteront d’autres et le pays souffrira encore. Jamais un pays infecté par l’islamisme et le gauchisme ne s’en ai sorti sans laisser de plumes. La Tunisie n’échappera pas à cette fatalité, c’est l’histoire qui le dit. Long sera le chemin de croix avant la délivrance.

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