Le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES) a estimé, hier, samedi, que le Commissariat Régional de Développement Agricole de la ville de Bembla, dans le gouvernorat de Monastir, a détruit l’intégralité de la récolte de poivre sans consulter les agriculteurs de la région, et ce en raison de l’émergence d’un virus inconnu.
Indiquant que cette décision aléatoire est principalement due au manque de contrôle et d’accompagnement des agriculteurs aux différentes étapes de la production, et ce à partir de l’approvisionnement en semences.
Depuis fin novembre 2020, les agriculteurs des zones irriguées de la ville de Bembla ont découvert une maladie rare dans les pépinières de poivrons, et après avoir consulté la Commission Régionale de Développement Agricole, il s’est avéré être un nouveau virus que les services de la commission ne savaient pas comment s’en débarrasser.
Le forum a souligné, dans un communiqué, que la non-prise en compte des pertes subies par les agriculteurs à cause de ce virus, et l’absence de compensation ou d’alternatives après la destruction des serres, est la principale raison du déclenchement de la vague de protestations du 3 décembre 2020.
Au cours de laquelle, les agriculteurs ont fermé les routes de la ville de Bembla puis se sont dirigés vers le siège de la Commission Régionale de développement agricole à Monastir pour organiser une manifestation.
En raison de cette congestion, les intérêts de la Direction Générale pour la Protection des Produits Agricoles du ministère de l’Agriculture ont levé des échantillons de piments pour effectuer les analyses nécessaires le 5 décembre. Selon les résultats, la présence de nombreux virus jusque-là inconnus parmi les ravageurs agricoles a été confirmée.
Le Forum a indiqué que le ministère de l’Agriculture continue de garder le silence malgré les preuves que les semences importées ont provoqué cette catastrophe, indiquant que ce ministère n’a pris aucune mesure ou prise de position explicite contre les marques produisant des semences importées et la partie responsable de leur importation en Tunisie.
Il a également estimé que cet incident “témoigne du laxisme de l’Etat dans l’exercice de son rôle de tutelle sur les semences et les pépinières, aggravant ainsi la crise de souveraineté alimentaire dans le pays et exacerbant la dépendance à l’extérieur avec l’abandon systématique des semences d’origine résistantes aux ravageurs et la poussée des agriculteurs vers l’exploitation des semences étrangères sous prétexte de leur forte productivité sans prendre en compte ses risques sur les récoltes.
Il a, en outre, mis en évidence la nécessité pour l’État de reprendre son rôle auprès des agriculteurs et de préserver le patrimoine national des semences indigènes, de les valoriser et d’en faciliter l’accès.
Les zones d’irrigation dans le gouvernorat de Monastir sont estimées à 1846 (privées et public). Le gouvernorat est considéré comme le plus important producteur de piments cultivés sous serre en Tunisie, avec 47% du produit national.
La zone irriguée de Bembla est considérée comme la plus touchée par ce virus, puisque 700 serres de piments ont été détruites et environ 400 agriculteurs ont subi des pertes importantes.
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