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Par Jawhar Chatty : Moody’s, les chancelleries et les trois ( deux) présidences

Par Jawhar Chatty : Moody’s, les chancelleries et les trois ( deux) présidences

Juste pour rappel. En 1880 en Tunisie, Théodore Roustan, consul de France, mais aussi le consul d’Italie et celui d’Angleterre faisaient en permanence ” la navette” entre Le  Bardo (palais d’un bey) et la Kasbah. Le monde a certes beaucoup  changé depuis, mais les codes demeurent presque inchangés. Les mêmes que celles d’un vautour s’élançant vers sa proie. Le dernier rapport de la très sérieuse agence de notation Moody’s donne le ton de l’immense fragilité de la proie. Les chancelleries, les plus influentes, le savaient évidemment bien avant la publication de la dite agence.

Il ne faudrait pas en effet être un grand clerc pour voir que le pays est au bord de la faillite. Moody’s nous réserve bien des surprises.

A Tunis, les chancelleries s’affairent ces derniers jours.

Carthage, le Bardo, la Place Mohamed Ali, la Kasbah sont devenus des lieux communs. Une frénésie inhabituelle qui n’est pas non sans nous rappeler la même frénésie en 1880 et à moindre degré et pour d’autres raisons, celle du temps immédiat du début de 2011.

Une proie très fragile. Par la faute de ses gouvernants. Une proie très convoitée et qui n’a jamais choisi d’être coincée à l’Est par une Algérie toujours égale à elle-même, intransigeante et qui avance et au Sud, par une Lybie riche, désormais peut-être apaisée et qui entend entreprendre sa pragmatique reconstruction.

Il ne s’agit dès lors pas de chercher à comprendre la récente frénésie des chancelleries les plus influentes, mais plutôt le pourquoi de cette servitude, de cette servilité dont ne se dérangent pas certains de nos gouvernants. Un grand ami, que je ne citerais pas, un grand sage, est allé jusqu’à qualifier certaines récentes  sollicitudes de “prostitution”.

Les grandes chancelleries sont dans leurs rôles. Elles font leur travail et très bien même, du moment qu’elles défendent avant tout l’intérêt des pays qu’ils représentent.

Et nous ?

Kais Saied tient réunion, une première pour un président de la République, avec les ambassadeurs de l’UE. C’est-à-dire avec notre partenaire historique et stratégique. C’est une excellente initiative.

Rached Ghannouchi tient réunion avec l’ambassadeur US après une tribune, enflammée publiée sur les colonnes de Usa today. No comment.

Le même jour, le chef du gouvernement reçoit à La Kasbah l’ambassadeur américain. Il n’est pas difficile à cet égard de deviner qui des deux a parlé en dernier.

Le même jour était reçu, place Mohamed Ali, l’ambassadeur de France en Tunisie.

C’est tout dire.

PS/ Le grand ami cité plus haut me dit à ce propos une chose en somme très émouvante si l’on peut dire : “La condescendance de l’occident est la meilleure marque de son mépris”.

A nous de savoir être et rester digne.

Jawhar Chatty

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