Tunisie

Rapport : La femme tunisienne en première ligne contre la soif

Rapport : La femme tunisienne en première ligne contre la soif

L’Agence Française de Développement (AFD) vient de publier aujourd’hui 13 août 2021 qui coïncide avec la célébration de la fête nationale de la femme en Tunisie une publication institutionnelle intitulée « L’eau, promesse d’émancipation ».

Yazid Safir, Directeur de l’AFD en Tunisie qui a préfacé la publication a déclaré qu’en Tunisie, depuis 1998 environ 260 millions d’euros (866 millions de dinars) en faveur du secteur de l’eau potable ont été mobilisé et au total, 465000 Tunisiennes et Tunisiens ont bénéficié des plusieurs programmes successifs d’alimentation en eau potable rurale.

Néanmoins, la publication de l’AFD a été largement meublée par des interventions de plusieurs responsables et activistes dans le domaine du développement de l’accès à l’eau potable.

Alaa Marzougui, coordinateur général de l’Observatoire tunisien de l’eau, un projet associatif qui s’intéresse à l’accès à l’eau en Tunisie a affirmé que les travaux de l’Observatoire ont permis de collecter des dizaines de témoignages de femmes rurales tunisiennes qui doivent parcourir des kilomètres, souvent dans des conditions pénibles, pour s’approvisionner en eau. Il a été constaté également des conséquences néfastes sur la condition des femmes et des filles soumises à cette corvée d’eau, dont des problèmes de harcèlement voire même de viol.

Kamel Homrani, responsable de la cellule d’un groupement de développement agricole (GDA) et d’approvisionnement en eau potable au Commissariat régional au développement agricole (CRDA) de l’Ariana qui est l’un des gouvernorats importants du Grand-Tunis, a pour sa part, affirmé qu’il existe de sérieux problèmes au sein de plusieurs familles installées dans les zones périurbaines et rurales du Gouvernorat qui sont causés très souvent par les difficultés d’approvisionnement en eau potable.

En effet, dans plusieurs cas, les familles achètent des terrains agricoles pour y bâtir leurs maisons sans se soucier des difficultés d’accès à l’eau potable, souligne Kamel Homrani. Il ajoute que ces difficultés fatiguent les femmes et se répercutent sur la cohésion de leur famille, les femmes se retrouvent en effet obligées de consacrer leur temps pour chercher et ramener l’eau potable à domicile, au lieu de l’investir dans une activité génératrice de revenue, certaines décident donc de ne pas poursuivre ce rythme au quotidien et ont même préféré mettre fin à leur vie conjugale.

L’AFD a rappelé l’existence en Tunisie d’un écart important entre les femmes et les hommes dans la répartition du temps alloué aux travaux domestiques. Les femmes consacrent en moyenne 77,6% de leur temps quotidien aux travaux domestiques non rémunérés alors les hommes n’y contribuent qu’à hauteur de 9,4%. Autrement dit, les femmes consacrent 8 fois plus de temps que les hommes aux travaux domestiques au détriment d’un travail rémunéré, davantage valorisé par la société et synonyme d’autonomisation financière.

L’agence a noté également les femmes jouent un rôle prépondérant dans la gestion de l’eau au sein du foyer, et sont les plus touchées par le manque d’accès au service d’eau, leur participation dans les processus de concertation et de décision sur les questions liées à l’eau est donc indispensable et doit être encouragée voire imposée.

Au fait, en 2018, la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) comptait 6409 employés dont seulement 994 femmes, parmi lesquelles 600 femmes occupaient des postes administratifs et seulement 394 femmes occupaient des postes techniques.

Encourager et faciliter l’emploi des femmes dans le secteur de l’eau peut réduire les inégalités de genre et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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