Economie

Trafic de pommes de terre : des bandes organisées séquestrent l’assiette des Tunisiens

Trafic de pommes de terre : des bandes organisées séquestrent l’assiette des Tunisiens

Le secrétaire général de la fédération nationale des producteurs de pomme de terre et président du conseil d’administration du Groupement interprofessionnel des légumes (GIL), Mohamed Belhadj Rhouma, a déclaré aujourd’hui lundi 4 octobre 2021 que « l’Etat est le plus grand spéculateur sur les pommes de terre » soulignant que le commerce de ce produit est presque interdit.

Il a assuré aussi que les quantités stockées, depuis juin 2021, par le GIL sont de 13500 tonnes et que l’Etat n’utilise pas ce stock pour réguler le marché mais le ministère du commerce œuvre plutôt à sanctionner les propriétaires des entrepôts qui le gère y compris ceux loués par le groupement. Le ministère est allé même, d’après Belhadj Rhouma, jusqu’à confisquer les stocks de pommes de terre de l’Etat lui-même…

Le responsable a souligné que le ministère confisque aussi les semences des pommes de terre subventionnées par l’Etat d’une manière qu’il a qualifié d’« anarchique » pour que la perte soit double pour tous les acteurs du secteur, déplorant, à ce titre, la non application du programme national qui a été mis en place pour assurer l’autonomie de la Tunisie en matière de production des semences de ce produit agricole sensible sachant que la valeur des importations dépasse 60 millions de dinars par an et que les prix des intrants de production ont augmenté 5 fois.

Cette situation ne peut profiter, selon les déclarations du président du conseil d’administration du GIL, qu’aux spéculateurs tout au long de la chaine de production, de stockage et de commercialisation.

Faut-il noter qu’en Tunisie, la pomme de terre est un légume incontournable. Le Tunisien en consomme en moyenne 30 kg/an, ce qui correspond à peu près à la consommation moyenne mondiale estimée par la FAO à 31,4 kg/habitant/an.

Selon l’Observatoire National de l’Agriculture (ONAGRI), les deux principales saisons dont la production est destinée à la consommation locale demeurent la pomme de terre de saison (PTS) et celle de l’arrière-saison (PTAS). La superficie réservée annuellement à la culture en pomme de terre tourne autour de 27000 ha. La production totale avoisine les 400000 tonnes dont environ la moitié PTS et 40% PTAS.

Pour la campagne 2020-21, la production de PTS, récoltée de mi-mai à fin juin, est estimée à 230000 tonnes pour une superficie de 10,2 mille ha et ce, selon tableau de bord de l’ONAGRI, pour le mois d’août écoulé.

La consommation étant pratiquement constante durant toute l’année (environ 30000 tonnes/mois), il est nécessaire de stocker la pomme de terre pour pouvoir assurer l’approvisionnement des marchés en ce produit alimentaire devenu indispensable. Le stockage se fait soit chez l’agriculteur au champ soit dans des dépôts modernes tenant compte des spécificités des tubercules de pomme de terre.

L’Etat, par l’intermédiaire du (GIL), constitue chaque année un stock régulateur de près de 40 000 tonnes dont 10 000 tonnes dans les dépôts du groupement même et 30 000 chez des stockeurs spécialisés moyennant une prime de stockage.

Néanmoins, il est très rare que le ministère du commerce respecte les normes de contrôle des stocks et des importations ce qui engendre récurremment des hausses des prix du produit.

Rappelons qu’une quantité de 5 mille tonnes de pommes de terre a été importée de Turquie, le 14 août 2019, soi-disant afin de combler le manque au niveau de la récolte nationale mais réagissant à l’information véhiculée par certains sites web et réseaux sociaux relative à l’importation de pommes de terre impropres à la consommation, le ministère du Commerce a précisé qu’une commission composée de représentants de l’Office du commerce de Tunisie (OCT) et du ministère de l’Agriculture, s’était rendue en Turquie pour vérifier la qualité du produit…

Le ministère du Commerce a été critiqué aussi fin mai 2019 pour s’être mis aux ordres des mafieux et des spéculateurs qui contrôlent les marchés et les circuits parallèles à la suite de l’importation hâtive des pommes de terre notamment d’Egypte et impropres à la consommation qui se sont avérées atteintes aussi d’une grave maladie à savoir le nématode qui est très contagieuse et qui risque de pourrir nos sols pour des décennies…

Le ministère avait refusé de montrer les documents de contrôle sanitaire des pommes de terre importées de ce pays et qui ont été refusées par les contrôles sanitaires de six autres pays, avant d’être acceptées en Tunisie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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