Economie

Un nouveau crédit extérieur

Un nouveau crédit extérieur

Le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, a présidé le jeudi 4 novembre 2021, un conseil des ministres pour examiner un ensemble de projets de décrets lois mais surtout pour étudier la situation économique et financière du pays.

Le Chef de l’Etat est revenu sur la crise économique que connait la Tunisie et appeler les citoyens à participer pour faire face à cette situation et contribuer au financement des caisses de l’Etat tout en assurant que « Les fonds collectés seront sous le contrôle direct des présidences de la République et du gouvernement ».

Les observateurs ne sont pas certains quant à la nature exacte de la contribution « citoyenne » et si elle sera sous la forme d’une souscription à un emprunt national ou d’une autre nature, sachant qu’un emprunt obligataire a été lancé depuis juin dernier en deux tranches qui ont permis la mobilisation de quelques 1183 millions de dinars, principalement auprès des banques et des établissements financiers.

La souscription à une troisième tranche a été lancée entre le 3 et le 12 novembre courant pour combler l’énorme déficit budgétaire qui a atteint 3 milliards de dinars, fin août dernier et les besoins importants en crédit extérieurs de 13 milliards de dinars.

En quête de fonds, jeudi 4 novembre courant, les autorités économiques et financières tunisiennes, représentées par M. Marouane El Abassi, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Samir Saied, ministre de l’Economie et de la Planification et Sihem Nemssia, ministre des Finances se sont entretenus, à distance, avec une délégation du Fonds Monétaire International (FMI), conduite par Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale (MENA).

Officiellement, il a été annoncé que cette réunion s’inscrit dans le cadre de la poursuite des discussions techniques entre les services du FMI et les autorités tunisiennes et a porté sur la revue de l’évolution économique et monétaire en Tunisie.

Il a été déclaré, en outre, que la réunion a porté sur les réformes économiques envisagées par les autorités tunisiennes et pouvant être soutenues par les partenaires internationaux et notamment l’instance financière internationale suite à une requête officielle formulée cette semaine par la Cheffe du Gouvernement tunisien à la directrice générale du Fonds.

Dans ce sens, un consensus de tous les intervenants s’est dégagé autour de l’importance d’impliquer toutes les parties prenantes nationales dans la conduite de ces réformes.

Toutefois, ces réformes sont déjà connues : elles concernent la maitrise de la masse salariale des fonctionnaires dont le nombre avoisine 1 million, la rationalisation des subventions et surtout la réduction des frais de fonctionnement de l’administration composés, principalement de son parc automobile monstre de 90 mille voitures administratives et sa consommation de carburants ainsi que les dépenses liées aux logements de fonction qui se comptent par milliers.

Au sujet des réformes, l’engagement des interlocuteurs du FMI parait prématuré surtout que la nouvelle ministre des domaines de l’Etat n’a pas encore ouvert le dossier des abus tout azimut relatifs à l’utilisation des quelques 90 mille voitures administratives selon une évaluation de l’OCDE et les questions liées à l’absence de contrôle sur le parc des logements de l’Etat occupés par des retraités et des personnes qui n’ont aucune relation avec l’administration et ce, d’après les rapports de la cour des comptes.

De quelles réformes parle-t-on alors que les caisses sociales saignent et les entreprises publiques servent de palanques pour 200 mille employés qui perçoivent des salaires pouvant atteindre 6 mille dinars en moyenne mensuelle sans aucune productivité ?

Prétendre l’engagement sur la voie des réformes alors que les salaires à l’administration ont augmenté au cours du seul mois d’août, selon les chiffres du ministère des finances, de 1600 millions de dinars en raison de milliers de nominations, promotions et autres gratifications.

Les bailleurs de fonds sont certes au courant de toute cette anarchie que des lobbies font tout pour qu’elle perdure, en contrepartie, ils ne lâchent pas la Tunisie puisque le financement d’un pays dans de pareilles conditions est très juteux.

Rappelons que la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva s’est exprimée, le 13 octobre dernier sur le cas de la Tunisie et la nécessité d’opérer des réformes économiques urgentes.

« Pour la Tunisie, nous sommes très clairs quant au fait que le pays a besoin de réformes économiquement ciblées et urgentes, afin de stabiliser l’économie et mettre les finances publiques sur une voie durable. L’objectif étant de créer un climat favorable à la création d’emplois et permettre une croissance plus durable », a-t-elle expliqué.

Georgieva, qui parlait des nouvelles négociations avec la Tunisie, lors d’une conférence de presse organisée, en ligne, dans le cadre des réunions annuelles du groupe de la Banque mondiale et du FMI, a ajouté « nous nous sommes engagés sur le niveau technique et avons fourni des capacités de développement pour soutenir les autorités tunisiennes, afin que nous puissions travailler ensemble pour un programme-pays et sur l’amplification des actions prioritaires à même d’aider la Tunisie à faire face, entre autres, aux pressions fiscales comme nous le faisons avec d’autres pays ».

Entre temps, d’énormes abus relatifs à la gestion des biens publics de l’Etat continuent alors que le ministère du domaine de l’Etat n’a pas encore pris une seule mesure pour stopper cette hémorragie et personne ne sait pourquoi.

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