Economie

Rapport : L’insécurité alimentaire menace la Tunisie (1/3)

Rapport : L’insécurité alimentaire menace la Tunisie (1/3)

Le Middle East Institute (MEI) qui est un groupe de réflexion basé à Washington et qui se présente comme non partisan et cherchant à accroître la connaissance du Moyen-Orient, vient de publier un rapport intitulé « Situation fragile de la sécurité alimentaire au Maghreb : impact de la crise des céréales de 2021 en Tunisie, en Algérie et au Maroc ».

Le rapport de l’institut spécialisé dans les questions géoéconomiques de la région MENA souligne de prime abord que l’Afrique du Nord est entrée dans une crise de sécurité alimentaire. La Tunisie, l’Algérie, et le Maroc connaissent des niveaux d’inflation alimentaire jamais vus depuis les troubles du printemps arabe il y a dix ans.

La flambée des prix des denrées alimentaires, en particulier celle des prix du pain, a contribué à alimenter les mouvements de protestation populaires contre la corruption et l’injustice qui a d’ailleurs renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali et d’autres régimes dans la région MENA.

On note, sous cet angle, que les troubles sociaux dans la région ont suscité une réforme politique. Bien que la crise alimentaire ait été précipitée par la crise économique locale et mondiale ainsi que le choc provoqué par la pandémie de COVID-19 en 2020 et ses séquelles en 2021, la fragilité structurelle des systèmes alimentaires en Tunisie, en Algérie et au Maroc s’est aggravée. Au cœur de cette fragilité se trouve l’échec à mettre en œuvre des mesures adéquates pour faire face à l’impact de la pénurie accrue d’eau et le changement climatique.

La principale vulnérabilité du Maghreb est sa forte dépendance vis-à-vis les importations de céréales, tant pour la consommation humaine que pour l’alimentation animale. Le prix moyen mondial des céréales a augmenté de 27,3% en septembre 2021 par rapport à septembre de l’année précédente et les prix ont depuis continué à grimper à un rythme encore plus rapide.

Le MEI indique que la crise alimentaire commence à se faire sentir par les ménages en Tunisie, en Algérie et au Maroc.

Le prix du blé tendre utilisé dans la fabrication du pain s’est maintenu à 271 $ (786 dinars tunisiens) la tonne à la fin du 3e trimestre 2021, soit une augmentation de 22 % par rapport à l’année précédente. Les prix au 4e trimestre 2021 ont encore augmenté alors que les stocks ont diminué et que les États-Unis, le Canada, la Russie et les producteurs de la région de la mer Noire ont connu des récoltes maigres dues à la sécheresse, au gel et aux fortes pluies, précise le rapport de l’institut.

Aux États-Unis, par exemple, le stock de blé ne devrait dépasser 580 millions de boisseaux (1 boisseau=27 kg) d’ici le 1er juin 2022, un stock inédit depuis plus de 14 ans.

La hausse des prix des céréales a été aggravée par l’envolée des coûts des engrais azotés et les coûts du gaz naturel ou du charbon utilisé dans leur fabrication, affirme -t-on. Dans le cas de l’engrais pour blé, environ 80% du coût de production provient du gaz naturel qui a quintuplé pour les fabricants européens d’engrais et multiplié d’environ 1,5 fois pour les fabricants aux États-Unis.

Tous ces facteurs ont eu pour conséquence la hausse du prix du blé tendre sur Le Chicago Board of Trade au 1er novembre 2021 qui s’élevait à 7,95 $ par boisseau, représentant un pic de 57% à partir du 1er juillet 2021 et un prix jamais vu depuis janvier 2013.

Considéré comme un stress test de l’état de l’économie, la gestion agricole et environnementale en Tunisie, Algérie et Maroc, la crise des céréales de 2021 a révélé que les systèmes alimentaires des pays du Maghreb présentent des fragilités dangereuses qui pourraient se traduire par une instabilité politique. A suivre…

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