Tunisie

Ma vie: Couple avec deux filles de Médenine

Ma vie: Couple avec deux filles de Médenine

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir  comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Karim, 47 ans, vendeur en quincaillerie

La femme: Dalel, 43 ans, travaille dans la vente en ligne

Le couple a 2 filles.

Mariée depuis 13 ans, Dalel raconte qu’elle habite dans une maison appartenant à son mari. “Ce sont les coutumes des gens du Sud qui imposent au mari de construire une maison avant le mariage” dit-elle.

“De nos jours, pouvoir construire sa maison est devenu un luxe surtout pour ceux qui sont dans la même situation que nous et issus d’une classe moyenne. Le coût de la vie a explosé durant ces dernières années” dit Dalel.

Le couple touche près de 2000 dinars/mois. Vu la nature du business de Dalel, ses revenus sont fluctuants. 

“Je n’ai jamais travaillé de ma vie. Face aux difficultés de la vie, j’ai décidé de chercher un emploi et opté pour la vente en ligne” dit-Dalel.

Dalel ne bénéficie pas d’une couverture sociale tandis que Karim cotise pour la CNSS.

Le couple détient une carte médicale “Safra” (de couleur jaune), offrant des soins médicaux gratuits et à tarifs réduits (sorte de tiers payant).

Dalel déclare que son mari a exercé plusieurs métiers dans le passé. Il a d’emblée travaillé comme agriculteur. Il aidait son père à travailler la terre et à vendre les olives.

Après le mariage, Karim a jonglé entre plusieurs activités professionnelles: il a travaillé dans l’industrie de la construction puis en tant que serveur dans un café et dans un restaurant.

Actuellement et depuis près de 7 ans, Karim travaille en tant que vendeur dans une quincaillerie.

Il y a 4 ans, Dalel a décidé de trouver un boulot pour aider financièrement son mari. Elle s’est lancée dans la vente en ligne. Elle proposait des produits cosmétiques ainsi que des vêtements prêts à porter via sa page Facebook.

Dalel a réussi à gagner la confiance des gens et a su attirer un grand nombre de clients lui garantissant un profit notable.   

Dalel offre la livraison de ses produits sur tout le territoire tunisien.

Grâce à la vente en ligne, Dalel a réussi à épargner de l’argent pour acheter la voiture familiale. Karim y a participé en empruntant une somme auprès de son père.

“Mon travail dans la vente en ligne nous a permis de payer notre crédit voiture. En effet, mon beau-père nous a accordé un crédit que nous remboursons généralement en été lorsque nous n’avons pas de frais scolaires à payer” déclare-t-elle.

Dalel insiste sur le fait qu’elle et son mari n’utilisent la voiture que pour les déplacements au centre ville ou pour emmener les filles à l’école et ce, afin de réduire au maximum la consommation d’essence.

“Pendant les vacances scolaires, je préfère aller voir ma famille en bus étant donné que c’est moins cher que la voiture” ajoute Dalel.

“J’aspire étendre mon petit projet dans le but d’améliorer mon statut social.” 

Dalel précise qu’elle est incapable de passer ses vacances à l’hôtel vu que son budget ne lui permet pas de le faire.

“Je désire vivement avoir assez d’argent pour réaliser tous nos rêves en particulier ceux de nos enfants. Ma fille voudrait bien passer une nuit dans un hôtel cet été”, ajoute t-elle.

Dépenses fixes de la famille

  • 500 dinars/mois pour la nourriture et les dépenses pour les produits de la maison.
  • 100 ou 120 dinars/bimestriel facture de la STEG
  • 35 dinars/ mois ADSL (FLYBOX)

Part des médicaments dans les dépenses

Le couple n’alloue pas un budget particulier pour les médicaments. Aucun membre de la famille ne souffre d’une maladie chronique.

“Quand j’ai contracté le Covid, j’ai passé deux nuitées dans une clinique privée. Mon mari a été obligé d’emprunter un montant de 3 mille dinars pour payer les frais d’hospitalisation. Lorsque j’ai repris ma santé en main, j’ai vendu un bijou pour pouvoir rembourser une partie de la dette. Alors que mon beau-père s’est chargé de rembourser une autre partie. Les amis de mon mari nous ont également aidés”, dit-elle.

Argent de poche

“Je ne sais pas exactement combien mon mari dépense mais il ne fume pas et va rarement au café. Mes dépenses personnelles ne sont pas énormes non plus. Ce n’est qu’occasionnellement que les dépenses augmentent”.

Budget pour les loisirs

“Nous ne fixons pas de budget particulier car nous ne prévoyons pas de programme bien précis pour les vacances. Il nous arrive parfois d’aller se baigner à la plage de Boughrara et nous apportons avec nous de la nourriture”.

Le couple passe parfois la journée à Djerba ou à Zarzis et revient le jour même.

Dalel précise que ces sorties ne coûtent pas beaucoup à la famille.

Elle déclare qu’ils se rendent chez sa famille à elle pour passer les vacances de l’hiver et épargner de l’argent. Les dépenses se limitent seulement aux frais du transport.

Budget vestimentaire

“Auparavant, nous avons eu recours à la fripe pour économiser. Franchement, jusqu’aujourd’hui, la friperie reste notre refuge. Nous avions  l’habitude d’acheter uniquement des vêtements neufs qu’à l’occasion de l’Aïd et la rentrée scolaire mais comme je suis devenue commerçante, je laisse parfois des articles pour moi et ma famille”.

Budget pour le mouton du sacrifice

“Mon beau-père élève du bétail chez lui. Il nous vend un mouton pour l’Aïd”.

“En ce qui concerne le mois de Ramadan, nous partageons toutes les dépenses avec mon beau-père et mon beau-frère”.

“Avec ce que nous gagnons tous les deux actuellement, je ne peux pas réaliser les rêves de mes deux filles. Je réfléchis à agrandir mon business,” dit Dalel.

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