Economie

Pénurie de carburant sur fond de creusement du déficit énergétique de 96%

Pénurie de carburant sur fond de creusement du déficit énergétique de 96%

Les automobilistes du Grand-Tunis ne trouvent pratiquement pas de carburant depuis le week-end dernier.

La ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Gonji, a expliqué que « la grande affluence des citoyens sur les stations-service a généré une pénurie importante d’essence, particulièrement dans le Grand-Tunis », ajoutant que « 5000 mètres cubes de carburants ont été fournis à la fin de semaine et que 550 mètres cubes ont été épuisés en quelques heures alors que ce stock devrait couvrir 2 à 3 jours ».

Pénurie « niée »

Le secrétaire général de la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques Salouen Smiri a souligné au sujet de la pénurie du carburant que celle-ci est due essentiellement à la baisse du stock stratégique du pays. Selon ses dires, un navire chargé d’essence sans plomb avait récemment accosté à Bizerte pour décharger une quantité permettant de remédier aux besoins mais elle est suffisante pour seulement 10 à 15 jours. D’après Smiri, la pénurie pourrait se reproduire si les autorités ne trouvent pas de liquidités pour payer les prochaines factures.

Le pays est déjà confronté à des pénuries de certains produits subventionnés, les rayons vides des supermarchés provoquent des inquiétudes, tandis que les autorités cherchent à obtenir de la liquidité vitale pour financer le remboursement de la dette et les dépenses de l’État.

Le gouvernement nie constamment qu’il a du mal à payer à temps les factures des importations des produits subventionnés notamment le blé, l’huile végétale, le sucre et surtout les hydrocarbures sachant que le déficit énergétique ne cesse de se creuser à des niveaux inédits.

Déficit énergétique préoccupant

Le déficit de la balance commerciale énergétique est passé de 3129 millions de dinars (MD) à fin août 2021 à 6130 MD à fin août 2022, soit une augmentation de 96% (en tenant compte de la redevance du gaz algérien exportée), selon le dernier bulletin de la conjoncture énergétique de l’Observatoire National de l’Energie et des Mines.

Les échanges commerciaux dans le secteur de l’énergie sont très sensibles à trois facteurs à savoir les quantités échangées, le taux de change $/DT et les cours du Brent ; qualité de référence sur laquelle sont indexés les prix du brut importé et exporté ainsi que les produits pétroliers.

Au cours des huit premiers mois de 2022, les cours du Brent ont enregistré une augmentation de 40$/bbl : 107.3 $/bbl à fin août 2022 contre 66.9$/bbl à fin août 2021. Durant la même période, le dinar tunisien a connu, une dépréciation par rapport au dollar américain de 10%, principale devise d’échange des produits énergétiques en comparaison avec la même période de l’année dernière.

Le prix moyen du gaz algérien s’est accru de 92% en dinar et de 74% en dollar entre fin août 2021 et fin août 2022.

La production nationale de pétrole brut s’est située à 1113 kt à fin août 2022 enregistrant ainsi une baisse de 13% par rapport à fin août 2021. Cette baisse a touché la plupart des principaux champs tels que Halk el Manzel (-60%), Baraka (-66%), Hasdrubal (-7%) et Nawara (-12%).

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