Economie

A la veille de l’Aïd Al-Adha, la consommation de viande rouge en Tunisie tend à la baisse

A la veille de l’Aïd Al-Adha, la consommation de viande rouge en Tunisie tend à la baisse

La consommation de viande rouge en Tunisie connaît une baisse constante ces dernières années, passant de 9,5 kg par an et par personne à seulement 8,3 kg actuellement.

Cette tendance alarmante résulte de plusieurs facteurs interconnectés, notamment l’inflation, la spéculation, la détérioration du pouvoir d’achat des Tunisiens, et des problèmes structurels au sein du secteur de la viande rouge.

Un produit devenu trop cher

La viande rouge est devenue un produit de luxe pour de nombreux Tunisiens. Dans certaines régions, les prix peuvent atteindre 50 dinars le kilo, une somme prohibitive pour le consommateur moyen. L’inflation galopante et la spéculation sur les marchés ont considérablement augmenté les coûts, rendant la viande rouge de moins en moins accessible. À cela s’ajoute une mauvaise gestion du secteur, qui peine à stabiliser les prix et à assurer une distribution équitable.

Le pouvoir d’achat des Tunisiens s’est fortement détérioré ces dernières années. En 2018, chaque famille dépensait en moyenne 1065 dinars par an pour ses achats de viande rouge et de volailles. Aujourd’hui, avec la hausse des coûts de la vie, beaucoup de ménages doivent revoir leurs priorités alimentaires, délaissant la viande rouge au profit de produits plus abordables.

Récemment, Lotfi Riahi, président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC), a sollicité l’intervention des autorités pour plafonner les prix des viandes rouges avant l’Aïd Al-Adha. Cette initiative vise à faire baisser les prix des moutons de sacrifice, dont les tarifs ont augmenté de manière vertigineuse, dépassant le pouvoir d’achat des tunisiens.

Une production nationale insuffisante

La production nationale de viande rouge en Tunisie s’élève à 127 000 tonnes par an, insuffisante pour couvrir les besoins estimés à 130 000 tonnes. Cette insuffisance est exacerbée par des problèmes structurels, tels que la disponibilité du cheptel et la concurrence avec des pays voisins comme l’Algérie. Les éleveurs tunisiens sont confrontés à des défis majeurs, notamment la gestion des ressources, les coûts de production élevés et la difficulté d’accéder à des marchés rentables.

La baisse de la production a également un impact direct sur les prix, rendant la viande rouge encore plus inaccessible. Le secteur souffre d’un manque de modernisation et d’investissements, ce qui limite sa capacité à répondre efficacement à la demande croissante.

Appel à la réforme du secteur

Les professionnels du secteur appellent à une refonte complète de la filière pour enrayer cette tendance à la baisse. Le secteur de la boucherie, en particulier, reste archaïque et réfractaire à la modernité. De nombreuses échoppes continuent de fonctionner avec des pratiques d’hygiène déplorables, ce qui dissuade les consommateurs soucieux de la qualité et de la sécurité alimentaire.

Pour préserver la viande rouge en tant que produit alimentaire stratégique et éviter qu’elle ne devienne accessible uniquement aux plus aisés, des solutions s’imposent. Il est crucial de relancer la production par des investissements ciblés, de maîtriser les prix grâce à une meilleure gestion des ressources et de revaloriser le métier de boucher par la formation et la modernisation des pratiques.

À la veille de l’Aïd Al-Adha, traditionnellement une période de forte consommation de viande rouge en Tunisie, met en lumière des changements significatifs dans les habitudes alimentaires du pays. Les pressions économiques et les impacts de la crise contribuent à une tendance générale à la baisse de la consommation de viande rouge.

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