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Agriculteurs et consommateurs en proie à des mafias : Autorités et UTAP immobiles

Agriculteurs et consommateurs en proie à des mafias : Autorités et UTAP immobiles

Les scandales continuent à défrayer la chronique dans le secteur agricole. Les affaires menacent directement l’alimentation des citoyens mais aussi la pérennité des exploitations agricoles. Une véritable mafia sévit procédant à tout type d’actes criminels à savoir spéculation, contrebande, monopole, entente illicite, concussion, etc. Tout se passe dans l’impunité totale et au su et vu des autorités et surtout de Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) qui observe un silence « étonnant ».

La dernière affaire remonte à quelques jours et concerne le stockage de pas moins de 17.000 quintaux de semences avariées découvertes à Gobalat, dans le gouvernorat de Béja et qui ont été laissées sciemment à l’air libre pendant 3 ans pour être ravagées par l’humidité. La valeur du stock est estimée à 2.5 millions de dinars.

Récemment, une grande pénurie touche l’alimentation du bétail, en l’occurrence le fourrage subventionné et derrière, comme d’habitude, on parle des agissements criminels de spéculateurs et de contrebandiers « puissants ». On évoque carrément d’une mafia qui partage le marché et qui est composée de quelques familles. Ni le ministère de l’Agriculture ni l’UTAP n’ont donné suite à ce dossier…

Les manœuvres criminelles sont multiples. Au fait, il s’agit essentiellement, de l’achat en grandes quantités de fourrage (paille, orge…) durant les périodes de production, pour les stocker et les revendre ensuite, aux prix forts durant les pics de la demande. Les prix ont atteint, actuellement et en moyenne, le quadruple des prix « homologués » par le ministère de l’Agriculture.

L’autre forme de spéculation évoquée, consiste en la conversion des « grossîtes » de fourrages, notamment de l’orge fourrager et du son d’avoine, en détaillants avec comme corollaire la transgression de la règle de la concurrence et la pratique de prix élevés, ce qui nuit considérablement aux détaillants et à l’utilisateur final, l’éleveur.

Les éleveurs du centre et du sud, qui représentent 65% du total des éleveurs, sont les plus touchés par ces pratiques criminelles.

La triche concerne également l’industrialisation des aliments composés pour bétail. L’industrie des aliments composés pour animaux assure 25% des besoins du pays en alimentation animale, les 75% restants étant des fourrages cultivés localement.

La Tunisie importe en devises les intrants (grains, vitamines…) des aliments préparés industriellement à base de céréales fourragères compensées : maïs, soja, sorgho, avoine, orge, etc.

Toutefois, les aliments fabriqués en Tunisie ne répondraient pas aux normes internationales en matière de qualité nutritive, aux dires de certains spécialistes. Ils seraient en deçà en raison de l’absence de contrôle. Seules les grosses entreprises, voire les holdings, sont contrôlées parce qu’elles sont bien structurées. En contrepartie, ces mêmes holdings ont, de fait, le monopole d’importer les intrants.

En dépit de ces crimes, l’administration et l’UTAP ne bougent pas particulièrement au niveau des contrôles sur terrain des dépôts des spéculateurs et des contrebandiers qui sont pourtant connus par les contrôleurs et les représentants régionaux de l’union. Le mystère reste entier…

D’après les procès-verbaux des rares contrôles effectués par les services des ministères de l’Agriculture et du Commerce, les fraudes sont aussi généralement perceptibles à travers la non-correspondance, voire la non-conformité des dépôts de stockages aux normes et surtout au niveau de la composition de l’aliment affichée sur l’emballage et le contenant.

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