A la une

Allemagne : l’AfD paye cher ses tirs contre les migrants et les musulmans, il est classé mouvement “extrémiste de droite avéré”, Quid de la France?

Allemagne : l’AfD paye cher ses tirs contre les migrants et les musulmans, il est classé mouvement “extrémiste de droite avéré”, Quid de la France?

 

Le Renseignement intérieur allemand a sauté le pas : il a classé ce vendredi 2 mai le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) comme un mouvement “extrémiste de droite avéré“, notamment à cause de “l’attitude globalement hostile du parti aux migrants et aux musulmans“. L’AfD a été frappée alors que les conservateurs de Friedrich Merz prennent officiellement les commandes du pays ce mardi 6 mai. On aurait pu penser que l’arrivée de la droite au pouvoir ferait les affaires de l’AfD, elle qui est arrivée deuxième aux législatives anticipées de février dernier, que Nenni.

Le visage très avenant de sa leader Alice Weidel n’y fera rien, le parti d’extrême droite est accusé de dévaloriser “des groupes entiers de la population en Allemagne” et de porter atteinte “à leur dignité humaine“. Il n’est donc “pas compatible avec l’ordre démocratique fondamental“, assène l’Office de protection de la Constitution. L’AfD a doublé son score avec plus de 20% des voix lors du dernier scrutin et dans certains sondages cette formation montée en 2013 domine la “vieille” Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti conservateur de Merz.

Mais tout ça n’a pas anobli pour autant le parti d’extrême droite et n’a pas pesé lourd face à la décision de le classer comme une formation extrémiste. L’Office de protection de la Constitution n’a pas explicité les implications et les conséquences de ce classement, mais ce qui est certain c’est qu’on ouvre une autre page dans la vie politique allemande. Que fera la CDU, elle qui a très vite – trop – serré les boulons sur la politique migratoire ? On verra bien…

En attendant cette classification donne aux autorités des leviers très conséquents sur la surveillance et le contrôle des faits et gestes de l’AfD, jusqu’aux communications privées. Par ailleurs rien n’empêchera le débat sur l’interdiction formelle du parti de resurgir, après les sorties dans ce sens de certains responsables politiques ces derniers mois.

Rappelons que les services de Renseignement intérieur allemands avaient déjà classé l’organisation de jeunesse du parti d’extrême droite ainsi que plusieurs cellules régionales de Länder d’ex-Allemagne de l’Est comme “extrémistes“. Dans son communiqué émis ce vendredi l’Office justifie sa décision par “l’attitude globalement hostile aux migrants et aux musulmans du parti” dans son ensemble.

L’agitation continue contre les réfugiés ou les migrants favorise la propagation et l’approfondissement de préjugés, ressentiments et peurs envers ce groupe de personnes“, argue le service de renseignement. Des motivations très fortes qui forcément font penser à la situation des migrants et des musulmans en particulier en France. Ici les idées de l’extrême droite ont tellement infusé que la droite et le centre courent derrière elles sans que d’ailleurs cela leur profite électoralement…

Le Rassemblement national (RN) s’est tellement ancré et même banalisé dans le paysage français que sa leader, Marine Le Pen, s’est hissée aux deux dernières finales de l’élection présidentielle. Le RN a certes raté la dernière marche, à cause du “Front républicain” (la digue tiendra jusqu’à quand ?), mais il peut s’enorgueillir d’être le premier parti au Parlement depuis juillet dernier. Si ce n’est pas une “respectabilité” politique je ne sais pas ce que c’est.

Mme Le Pen a été très habile dans sa stratégie de dédiabolisation de son parti, gommant toutes les sorties de route de son papa, mais il suffit de gratter un peu pour que le vernis saute. On l’a vu lors de la dernière sortie de la patronne du RN sur l’Algérie. Par contre on ne l’a pas entendue sur le meurtre atroce du jeune Malien Aboubakr Cissé. Ça c’est le vrai visage de l’extrême droite, sans fard.

Le RN n’a même plus besoin de faire semblant puisque ce sont les autres qui courent derrière lui, à commencer par le très ambitieux – électoralement – ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Ce n’est certainement pas lui qui traquera Mme Le Pen, Jordan Bardella et compagnie, comme le Renseignement intérieur l’a fait en Allemagne. La France hélas n’en est plus là, et il y a de fortes chances que le virage s’accentuera dans les mois et années à venir.

 

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut