Economie

Analyse – L’allègement de la dette, levier principal pour lutter contre la stagflation

Analyse – L’allègement de la dette, levier principal pour lutter contre la stagflation

Covid-19, guerre en Ukraine, aléas climatiques, sont autant de facteurs qui ont provoqué la dégradation de la situation économique pratiquement partout dans le monde. Dans ce contexte critique, le terme de « stagflation » revient dans les propos de plusieurs responsables des grands organismes financiers internationaux.

Fondamentalement, la stagflation est la résultante d’une stagnation de la croissance, conjuguée à la montée de l’inflation. Le phénomène est structurel et s’inscrit, généralement, dans la durée.

Aux origines de la stagflation

Ce phénomène intervient en principe lorsque les équilibres économiques sont durement perturbés.

Actuellement, le risque de subir l’impact d’une nouvelle période de stagflation est réel. La fin du confinement a engendré une hausse brisque de la consommation, mettant à rude épreuve les chaines d’approvisionnement.

Le mécanisme de l’offre et de la demande a donc entrainé une première vague hausse des prix, puis la guerre en Ukraine a provoqué un nouveau choc à ces prix, particulièrement au niveau des cours de l’énergies et des matières premières.

La politique du gouvernement est un moyen de limiter l’impact de ce phénomène, en appuyant les ménages et les entreprises pour relancer la croissance. Un autre est la politique budgétaire.

Dans ce dernier cas, ce sont les banques centrales qui ont des marges de manœuvres de taille, à travers les taux directeurs. Elles peuvent les relever pour contrer l’inflation, mais avec le risque de freiner aussi la consommation et les investissements (le coût des emprunts augmenterait).

David Malpass, Président du Groupe de la Banque Mondiale assure : « À peine plus de deux ans après la récession mondiale causée par la pandémie de COVID-19, la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, l’économie mondiale est à nouveau menacée, cette fois par un double phénomène de forte inflation et de croissance faible. Même si une récession mondiale est évitée, la stagflation pourrait laisser des traces persistantes pendant plusieurs années, avec des conséquences qui pourraient déstabiliser les pays à revenu faible et intermédiaire. À moins de fortement accroître l’offre disponible ».

Pour réduire le risque de stagflation, « les dirigeants du monde entier devront prendre des mesures ciblées dans cette époque extraordinaire de superposition de crises mondiales, les dirigeants partout dans le monde devront orienter leurs efforts sur des objectifs essentiels », indique Malpass. 

Outre, l’impératif de lutte par les dirigeants politiques contre la flambée (a) des prix du pétrole et des denrées alimentaires et l’accroissement de l’offre de produits de base alimentaires et énergétiques, il est urgent, d’après le Président de la BM, d’intensifier les efforts d’allègement de la dette surtout que les vulnérabilités des pays à faible revenu en matière d’endettement étaient déjà très fortes avant la pandémie alors que le surendettement se propage aux pays à revenu intermédiaire, les risques pour l’économie mondiale grandiront en l’absence d’allégement rapide, complet et de grande ampleur.

Risques prépondérants

Une note récente du Fonds Monétaire International (FMI) intitulé « Les pays importateurs de produits de base du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord subissent les hausses de prix » précise que les arbitrages à court terme sont devenus de plus en plus complexes pour les pays importateurs de pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et que la maîtrise de l’inflation est une des principales priorités, malgré la fragilité des reprises. Dans les pays où les anticipations d’inflation risquent de se renforcer ou les tensions sur les prix de se généraliser, il faut relever les taux directeurs. Une communication claire et transparente sera essentielle pour guider les marchés.

Le FMI souligne que pour les pays très endettés, ces mesures devraient s’accompagner de mesures de compensation par ailleurs : réduction des dépenses superflues, promotion de l’équité fiscale, voire une combinaison des deux, pour préserver la viabilité de la dette dans un contexte d’espace budgétaire limité.

Notons qu’en Tunisie, plusieurs facteurs aggravent le surendettement de l’Etat dans cette situation marquée de surcroît par la stagflation et le risque de non-soutenabilité de la dette publique qui est réel. Au fait, si le spectre d’accrochage et de difficultés de paiement se rapproche c’est parce que les risques de non-soutenabilité de la dette sont tous présents. Il s’agit du risque lié au déficit primaire (qui est de plus en plus pesant), celui relatif à la dégradation de la note souveraine et le risque de la dépréciation du dinar. A cela s’ajoute un autre indicateur pris en compte par le FMI, à savoir le ratio dette/PIB qui ne doit pas dépasser les 80%.

Le déficit budgétaire qui est passé de 1% en 2010 à 9,9% en 2020 a été financé principalement par la dette notamment extérieure dans un contexte plus semblable aux jeux pyramidaux des paris perdants.

Il est à rappeler que les facteurs qui ont aggravé le déficit budgétaire au cours de ces dernières années existent encore et s’articulent surtout autour de la baisse la production du pétrole et du phosphate (à cause des revendications sociales) ce qui a causé une baisse des recettes de l’Etat, la chute de l’activité touristique mais également des IDE en raison de la détérioration du climat d’affaires et de l’instabilité institutionnelle.

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