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Ce que Bouden ne dit pas, ne fait pas et qui pourrait nous exploser à la figure

Ce que Bouden ne dit pas, ne fait pas et qui pourrait nous exploser à la figure

Il y a des sujets que la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, n’aime pas commenter ; il y en a d’autres par contre qu’elle aborde volontiers sans se faire prier, même s’il faut procéder à de petits arrangements avec la réalité. L’endettement ou plus précisément le remboursement de la dette en fait partie. Et pour cause : C’est une des variables de la bonne santé d’une économie et assurément un élément qui pèse lourd dans les négociations avec le FMI. Bouden nous a donné ce qui de prime abord est une bonne nouvelle et mais il y en a une mauvaise qu’elle a soigneusement planquée sous le tapis…

La cheffe du gouvernement a asséné samedi dernier que la Tunisie s’est acquittée de toutes ses échéances de remboursement de sa dette. Ce qui est en soi une excellente chose. Mais elle oublie de préciser ce que le service de la dette coûte aux caisses publiques. Elle omet surtout – volontairement – de nous préciser que si Tunis a honoré jusqu’ici tous ses rendez-vous avec ses créanciers extérieurs – s’évitant un défaut de paiement fatal – le gouvernement n’a d’autre choix que de rééchelonner sa dette interne…

Bouden s’est bien gardée de nous l’indiquer, préférant – et on la comprend à certains égards – nous montrer la partie pleine du verre. Il est évident que pour le marketing de la Tunisie, surtout auprès des partenaires étrangers, présenter ainsi les choses est beaucoup plus séduisant…

C’est exactement comme le fait d’asséner publiquement que même au nom de la réduction des dépenses étatiques les propriétés publiques “stratégiques” ne seront pas vendues. Qu’entend Bouden par secteurs “stratégiques” ? Mystère total. Même l’UGTT, que la cheffe du gouvernement cherchait à rassurer, a pointé le flou artistique de ce qui semble être le projet de réforme des entreprises publiques. Donc au final l’annonce de Bouden n’aura convaincu ni le principal bailleur – le FMI – ni rasséréné la centrale syndicale…

Reste les chantiers essentiels et urgents sur lesquels il devrait y avoir des débuts de réponses mais pour lesquels on devra se contenter de bribes, d’esquisses. C’est le cas du Plan de relance de l’économie et de l’investissement en premier. A part ce très laconique document pondu par le ministre de la Planification, rien à se mettre sous la dent. Le gouvernement s’ingénie à survoler le sujet alors que c’est la voie royale pour sortir le pays du trou, en lieu et place de cet endettement croissant, la solution de facilité de tous les gouvernements de l’après-révolution…

Le chef de l’Etat, adossé sur sa popularité, s’est choisi une équipe de technocrates et théoriquement apolitiques. Son seul credo est censé être l’action, en vertu du fait qu’ils ne sont pas concernés par les échéances électorales, donc pas d’état d’âme pour ce qui doit plaire ou pas aux électeurs. En principe c’est une posture idéale qui libère des calculs politiciens et qui est taillée pour les réformes. A la place ce qu’on voit c’est un gouvernement qui lambine, louvoie, tergiverse, hésite, temporise…

Bouden et compagnie perdent un précieux temps et mettent tous leurs oeufs dans le panier du FMI, avec pour seul horizon un prêt. Même pas un petit plan B ! Une attitude suicidaire économiquement. Il faut souhaiter, pour le bien de la Tunisie, que tout l’édifice sur lequel reposent les plans de Bouden – si on peut appeler ça des plans – ne s’effondrera pas…

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